Delhi
Balade indienne
Du Rajasthan aux rives du Gange, récit d'un voyage d'un mois dans le Nord de l'Inde, un pays qui agace autant qu'il envoûte.
Comment écrire sur l’Inde alors que tout n’y est qu’impressions, odeurs, sensations… L’oppression d’abord lorsque l’on arrive dans la chaude et moite Delhi. Bruyante, sale, étouffante, on s’y sent toujours un peu écrasé, sollicité par les innombrables rabatteurs qui proposent pêle-mêle des rickshaws, des restaurants, des objets absurdes, une visite guidée ou demandent simplement quelques roupies. La circulation y est frénétique et tous les sens sont mis à l’épreuve. Puis vient la période de l’acclimatation. On part dans le Rajasthan et des pauses à Mandawa et Kolayat, petits villages méconnus nous permettent d’éprouver un peu de tranquillité et de commencer à nous immerger dans ce pays envoûtant. Un homme apprend à nager dans l'eau du lac de Kolayat, rendue laiteuse par le sable du désert. Jaisalmer, la forteresse du désert L’acclimatation se poursuit à Bikaner et Jaisalmer. Cette dernière, improbable forteresse ocre posée au milieu du désert, est notre premier vrai coup de cœur indien. On y retrouve des temples finement ciselés, des palais de Maharajas sublimes, des vaches sacrées se promenant avec indolence. Les Indiens sont toujours aussi insistants mais on ne s’en énerve plus, ça devient plutôt drôle et nous nous amusons à imaginer demander quelques roupies chaque fois que l’on voudra nous photographier… le voyage serait vite remboursé. Une tempête de sable plus tard, vécue au bord d’un improbable réservoir à l’extérieur de la ville, et un hôtel aussi bon marché que charmant finissent de nous conquérir. Jodhpur, sale, bruyante mais... superbe Puis arrive Jodhpur, ville peinte entièrement en bleu et surplombée par le fort le plus beau du Rajasthan, Meherangarh. Désespérément sale, bruyante, puante, la ville nous assomme et nous avons l’impression de revenir au point de départ. Nous sommes fatigués, agacés en arrivant. Et puis on se laisse reprendre par la beauté des lieux, la gentillesse des gens, l’atmosphère qui règne en Inde et qui reste indéfinissable, qui fait que, généralement, c’est un pays que l’on adore ou que l’on déteste. La forteresse de Meherangarh surplombe les maisons toutes bleues de Jodhpur Un passage par les temples Jaïns magnifiques et la tranquillité de Mount Abu et de Ranakpur, puis nous filons à Udaipur, son lac et ses palais. Les Indiens, jamais à court d’idées stupides pour entretenir le touriste, y proposent l’excellent "Octopussy Show", qui consiste à regarder un DVD piraté du James Bond Octopussy (tourné en partie à Udaipur) sous-titré en chinois sur un vieil ordinateur dans un restaurant miteux. Génial. Pushkar est riche en mésaventures. D’abord arnaqués par de faux Brahmanes (qui ne manquent pas de nous offrir un bracelet fort précieux signifiant pour tous les autres arnaqueurs de la ville, "pas la peine de vous fatiguer, on s’est déjà fait avoir"), nous expérimentons ensuite les talents du Docteur Mathur, officiellement réflexologue et officieusement tortionnaire. Taj Mahal et Varanasi : inoubliables ! Suivent Ajmer, Jaïpur, Agra et leurs splendeurs architecturales, immanquables pour tout touriste qui se respecte. Le Taj Mahal, vaisseau de marbre époustouflant, rentre immédiatement dans la catégorie des endroits qui émerveillent en dépit de l’attente qu’ils suscitent. C’est l’Inde toute entière qui s’y incarne : sa démesure et son romantisme, sa spiritualité et son goût pour la richesse ostentatoire, sa culture architecturale… son identité, en somme. Le Taj Mahal, mausolée bâti par l'empereur Moghol Shah Jahan pour sa Princesse Mumtaz Mahal Puis nous prenons le train, d’Agra à Varanasi. Encore une expérience à ne pas rater, les trains indiens… les odeurs, les bruits, les rencontres. A chacune des nombreuses gares où l’on s’arrête, quelle que soit l’heure, des marchands ambulants braillent "Chai tea ! Chai tea !" sur le quai et dans les wagons. Le trajet dure 20h au lieu de 12h mais on n’est plus à ça près, on est entré dans un état second où le temps ne passe plus tellement. Varanasi est inoubliable ; on pourrait se promener éternellement sur les ghats sans jamais s’en lasser. La ville vit autour du Gange, fleuve sacré qui apporte la vie et la mort. D’une saleté toxique, il est le théâtre des crémations hindoues mais aussi celui des ablutions et des prières matinales. Les colporteurs sont particulièrement féroces à Varanasi mais, est-ce par habitude ou simplement parce que l’atmosphère de la ville est si particulière, on ne s’en formalise pas. On les éconduit tranquillement, parfois on discute un peu. On se sent bien. L'érotisme tranquille de Khajuraho L’érotisme de Khajuraho et ses innombrables temples aux sculptures évocatrices, les rencontres avec les ouvrières d’Orrcha, les grandes avenues aérées et l’architecture soviétique de Chandigarh (ville concept de l’architecte Le Corbusier) sont les étapes qui nous mènent jusqu’à la fin du voyage dans les contreforts de l’Himalaya, à Simla et Manali. Nous y retrouvons un peu plus de tranquillité, de fraicheur, une certaine ambiance baba cool amusante. L'une des innombrables sculptures érotiques qui recouvrent les temples de Khajuraho. Rentrés à Delhi, la ville nous parait presque agréable. L’hôtel dont nous n’avions pas utilisé les services pour la location de voiture car il n’était pas recommandé dans le Lonely Planet a depuis piraté un logo du fameux guide qu’il a fièrement collé sur sa porte. Ces Indiens sont décidément impayables. Au terme de ce voyage de 30 jours éprouvants mais envoûtants, nous sommes heureux de rentrer. Nous savons que nous reviendrons avant longtemps… Photos Inde Itinéraire Inde