Jeremie NOËL

Photos et récits de voyages

Récits de voyage

Ambiance générale ou anecdote précise, je partage ici le récit de mes impressions de voyage.

Comment survivre à l’ascension du Mont Kilimandjaro ?

Le nom impressionne mais en réalité, le Kilimandjaro, c’est l’alpinisme pour les touristes. Les trois seules choses qu’il faut savoir faire, c’est boire de l’eau, marcher doucement, tout doucement, et ne pas trop penser au petit Jean-Jacques.

Se préparer pour le Kilimandjaro : vêtements techniques et sport intensif On ne va pas se raconter d’histoires, le plus grand plaisir quand on se lance dans ce genre d’expédition, c’est l’équipement. On y pense des mois avant, on va faire des repérages devant les vitrines du Vieux Campeur - ce qui prend toujours un temps considérable puisque il y a une boutique différente pour chaque accessoire. On essaie, on hésite, on choisit une paire de collants ou de chaussettes comme on choisirait un smoking pour aller aux Oscars. Ce qui est important, c’est que le vêtement soit technique. Plus il est technique, plus il est vilain et plus il est cher… et plus le sentiment d’accomplissement au moment de l’acquérir est intense. Quand on mentionne le Kili, l’œil du vendeur du Vieux Campeur s’illumine, alerte et cupide. Le Kili, c’est pour les mecs qui ne sont jamais montés sur une montagne. On va pouvoir les arnaquer. Et en plus, ils seront contents. - Aaah ! Vous allez faire le Kili ? Ouais, super aventure. Mais c’est complexe de s’équiper pour le Kili parce qu’il fait chaud en bas, humide au milieu et très froid en haut. - Ah bon ? - Ouais. Du coup, il vous faut quatre types de chaussettes, une paire de collants synthétiques, une paire de collants en laine de mérinos et le sous-pull technique qui va avec, une doudoune légère avec capuche et une grosse doudoune sans capuche pour l’ascension finale, là il faudra un bonnet, vous avez un vrai bonnet technique ? Ah et il faut aussi une parka technique – ha ha non monsieur, non votre manteau de ski ne convient pas, t’entends ça Michel, il veut faire le Kili avec son manteau de ski… Donc je disais une parka technique, douze t-shirts techniques, des chaussures de randonnée amphibies, deux paires de gants, une polaire légère, une polaire épaisse, un pantalon de randonnée léger, un pantalon de randonnée moyen, un pantalon de ski, une couverture de survie et surtout des Balisto, c’est important ça les Balisto. - Et ça coûtera ? - A peine trois mois de salaire. - Super, merci monsieur, c’est justement ce que je comptais mettre. Parce que comme en plus c’est pas trop cher le voyage, ben on se disait qu’on pouvait se lâcher sur les vêtements techniques. On est contents. Vraiment. Ruinés mais c’est pas bien grave parce que cette polaire orange en poils, on la remettra au bureau tout le temps… c’est un bon investissement. On dirait pas comme ça, mais on a trois mois de salaire en vêtements techniques sur le dos L’autre étape indispensable, c’est la préparation physique. On a tout un programme. On va courir deux fois par semaine, on arrête de boire pendant un mois et on mange sainement. Bon. En fait. En janvier, il fait froid, il flotte, il fait nuit tout le temps. On va peut-être pas aller courir. Déjà, je prends les escaliers une fois sur deux et en plus, il paraît que c’est pas si dur le Kili, c’est de la promenade. On sait faire, ça, se promener. Et puis le cidre et la bière, c’est pas vraiment de l’alcool, si ? Bref, on est prêts, affutés comme des lames. C’est l’heure de partir. Au pied du Kilimandjaro : briefing, formalités et abri à touristes Ethiopian Airlines, une escale gastronomique à l’aéroport d’Addis Abeba (le petit-dej le plus infâme de l’hémisphère Nord, pour l’expérience, ça vaut le détour), deux visionnages d’Everest dans l’avion pour se mettre en confiance et on arrive, frais, sur le tarmac de l’aéroport international de Kilimandjaro. Le temps de faire quelques selfies avec des Indiens, toujours volontaires, et on va prendre nos quartiers dans un hôtel mignon situé à proximité de la porte Machame d’où nous partirons le lendemain matin. On fait la connaissance de nos deux guides, Salum et Joshua, qui nous expliquent comment ça va se passer. On retient deux choses : il faut marcher tout doucement (« pole pole ») et si on ne vomit pas plus d’une fois par jour, c’est que ça va. Une fois par jour ?? Une fois par jour. L'indispensable selfie sur le tarmac avec un Indien On signe une décharge pour se mettre en confiance et ils vont vérifier notre équipement. On bombe un peu le torse. Côté équipement, on peut difficilement faire mieux. On a de quoi ouvrir une filiale du Vieux Campeur à Moshi. Pourtant, le moins qu’on puisse dire, c’est que Salum et Joshua n’ont pas l’air très impressionnés. Ils déballent tranquillement nos sacs d’un air un peu affligé. Ils jaugent puis finissent par nous dire que ça devrait aller, moyennement convaincus. On a le moral dans les chaussettes (en poil d’alpaga) et en plus ils ont foutu un bordel pas possible, faut tout refaire… On va se balader pour jeter un œil au sommet vu d’en bas. C’est beau et on a du mal à croire qu’avec un peu de chance, dans 4 jours, on sera en haut. On dîne en buvant de l’eau (c’est décidé ce coup-ci, on arrête l’alcool) et on va se coucher tôt. Demain, on attaque la voie Machame en 6 jours. On nous a dit que ce n’était pas la plus facile mais quand même celle où il y a le meilleur taux de réussite. On a accepté le paradoxe, c’est la « Whisky road », la voie des vrais alpinistes. On raille au passage ceux qui ont choisi la voie Marangu (surnommée « Coca-Cola Road »), bonne pour les vieillards, les pleutres et les infirmes. Le Kilimandjaro vu d'en bas L’aventure commence. Enfin l’aventure. On est deux et on a une équipe de douze personnes pour nous aider à monter : deux guides, un cuisinier et neuf porteurs. On est des aventuriers mais si on n’y arrive pas on a quand même l’impression qu’ils nous porteront jusqu’au sommet pour la photo (et ça, c’est l’erreur que le petit Jean-Jacques a faite). On part de la porte Machame et le premier camp pour la nuit est le camp… Machame. Très inspirés en matière de noms nos amis. A la porte, il y a une trentaine de groupes qui s’apprêtent à partir. Pendant que les guides vont remplir les nombreuses formalités d’entrée (et notamment la double pesée pour s’assurer que personne n’aura plus de 20 kg à porter pendant l’expédition), nous on est parqués dans un « abri à touristes » (« tourist shelter »). Là chacun se jauge, jalouse d’un œil expert la technicité remarquable de tel ou tel élément d’équipement, moque silencieusement le novice qui attaque déjà ses provisions. On évalue, à part soi, la probabilité de croiser son voisin au sommet. A côté du « tourist shelter » de la porte Machame un mardi de février, les coulisses de l’élection de Miss Wisconsin baignent dans une atmosphère follement bienveillante. Les formalités achevées – et c’est déjà très bon signe - on part les premiers, auréolés d’un petit complexe de supériorité. On n’a rien fait à part trois photos à côté du panneau Kilimandjaro (au cas où on renonce dans 2h, on aura quand même de quoi faire les malins en rentrant) mais si on part les premiers, c’est qu’on est les meilleurs. La voie Machame : du camp Machame au camp de base, Barafu, sans vomir La première journée est light, parce qu’on est parti quasiment à midi. On traverse la forêt, il fait tiède et humide, on déjeune d’un succulent poulet rôti. Commence surtout la rengaine absolue de l’ascension du Kilimandjaro : boire, marcher « pole pole », pisser, boire, pisser, marcher « pole pole », pisser, boire… On sort de la forêt en arrivant au camp, à pile 3000 mètres d’altitude (plus que 3000, on y est presque). Le camp en lui-même évoque plutôt l’élégance de celui, sous le métro aérien, de la place Stalingrad mais les paysages sont bien plus spectaculaires. On a vue d’un côté sur le sommet du Kilimandjaro et de l’autre sur celui du mont Meru. Au coucher de soleil, c’est sublime. Coucher de soleil sur le sommet du Mont Kilimandjaro depuis Machame Camp Au premier camp, on prend les petites habitudes qui ne changeront plus. Les porteurs ont filé devant nous pour tout préparer. Quand on arrive au camp, ils ont monté notre tente pour dormir et une autre tente pour prendre les repas. C’est palace. Certains groupes « de luxe » ont même une tente chiottes. Nous on se débrouille avec les petites cabanes façon « Slumdog Millionaire » plantées un peu partout dans la montagne. Plus on monte et plus ça devient… plaisant. Les fameuses cabines-toilettes du Kilimandjaro, propres et agréables Ensuite le rituel est toujours le même. Bassine d’eau tiède pour faire ses ablutions, goûter (popcorn et thé au miel), repos dans la tente ou sur le camp puis on retourne dans la tente-salle à manger pour le briefing de la journée du lendemain, la visite médicale (mesure du pouls, du taux d’oxygène, petit questionnaire sur l’état de santé général : nausées, maux de tête, maux de ventre, etc.) et le dîner. Les guides nous forcent à manger énormément. Pour nous donner de l’énergie et pour stocker car l’altitude fait souvent perdre l’appétit et ils veulent qu’il nous reste des réserves si on n’arrive plus à manger à l’approche du sommet. Un petit tour dehors pour observer les étoiles et on se couche. Ce sera, à peu de choses près, tous les soirs pareil. Les journées de marche s’enchaînent et le paysage est vraiment varié. Après la forêt du premier jour, on passe dans ce qu’ils appellent le moorland (la steppe ?) où la végétation est rase mais jolie puis, à la toute fin, dans le désert alpin. Par cette voie, on tourne autour de la montagne et les points de vue changent sans cesse. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si différent d’un jour sur l’autre. On monte assez vite. Le deuxième soir, on est déjà à 3750 m d’altitude, au Shira Cave Camp (dont la situation est exceptionnelle), le troisième à Baranco Camp (à 3900 m mais avec un passage à 4600 m dans la journée) et le quatrième, c’est le camp de base pour l’ascension, Barafu Camp à 4673 m. Chaque soir le pouls accélère un peu, le taux d’oxygène baisse mais on n’a toujours pas vomi, presque pas mal à la tête. Et chaque soir, on se dit qu’on va passer au travers du mal des montagnes et qu’on a vraiment une chance d’y arriver. Les journées sont assez longues mais on marche doucement et il n’y a aucune difficulté technique particulière. Le principal enjeu, c’est de trouver un rocher derrière lequel aller pisser tous les 300 mètres. Quand on marche, on parle peu, à part pour se moquer, beaucoup de nous-mêmes, un peu des autres. On croise souvent les mêmes personnes mais comme on est autistes (et français), on ne leur parle jamais. Alors on les affuble de surnoms ridicules. Et on se dit d’un air narquois : « si lui peut faire, je peux le faire, surtout la vieille là, ou le mec tout petit et barbu qui ressemble au gros copain de Frodon ». Voilà, on est au camp de base. Jusqu’à présent on n’a rien fait à part boire et manger du ragoût en quantités industrielle. Mais à se répéter « on est au camp de base », on finit par se prendre pour Edmund Hillary. Ca sonne bien « camp de base », ça sonne aventurier. Même rituel que d’habitude : goûter, repos, visite médicale (pouls 100 / oxygène 85%, c’est bon, on peut y aller), dîner gargantuesque (on n’aura jamais perdu l’appétit), dernier briefing et on va se coucher, pas longtemps parce que le réveil pour préparer l’ascension finale est prévu à 23h30. En fait de réveil, on ne se sera jamais endormi, hantés par le fantôme du petit Jean-Jacques (c’était le sportif de la bande, un warrior, et pourtant il a quand même fait une embolie pulmonaire en redescendant du sommet, on n’a rien pu faire…), le vent qui plaque la tente sur nous, les effets de l’altitude qui commencent à se faire sentir (sur le crâne, les poumons, le ventre…) et l’excitation de presque toucher au but. Summit night : le jour le plus long On ne dort pas mais on vient quand même nous réveiller. J’ai mal au ventre et envie de vomir pour la première fois de l’expédition, pas de pot. Il faut quand même se forcer à ingérer un infâme porridge pour se réchauffer et finir d’enfiler toutes les couches (de vêtements, hein, j’ai pas mal au ventre à ce point) : 2 paires de chaussettes, collant, pantalon léger et pantalon de ski, t-shirt technique, polaire, doudoune, parka, 2 paires de gants, écharpe, bonnet et capuche. Il va faire froid ; on monte le long de l’arête, à découvert, en pleine nuit et il y a beaucoup de vent. Il y a à peu près 6h d’ascension, entre 4600 et 5900 mètres. Et on a l’impression que ça en dure 34. Le soleil se lève derrière le mont Mawenzi, on touche au but... Comme il y a beaucoup de vent, Salum ne veut pas qu’on s’arrête ou alors 2 minutes maximum le temps de grignoter un petit truc pour garder un peu d’énergie. Il doit faire -15° ou -20° donc si on attend plus longtemps on gèle sur place. J’ai toujours la nausée, ma lampe frontale est tombée en panne au bout de 4 minutes et l’eau a gelé dans le tuyau de mon camel bag donc je ne peux plus boire. Jusqu’à présent, tout se passe exactement comme prévu. Les conditions sont optimales pour en profiter. Plus que 5 heures dans le noir à regarder les pompes du guide devant moi et à scruter le mont Mawenzi à L’Est. Quand le soleil commencera à poindre, on devrait approcher du sommet. Mais ça reste désespérément noir pendant un temps qui parait infini. On a l’impression de ne plus avoir une once d’énergie mais on continue à avancer, comme des automates, sans dire un mot, en scrutant la pression de l’altitude sur nos poumons, sans vraiment savoir si on va y arriver. De temps en temps, on voit quelqu’un s’arrêter, faire demi-tour. Et nous, on avance. C’est, sans hésitation, l’effort physique le plus dur qu’on n’ait jamais fait. Le froid, l’altitude, la fatigue… mais quand le mont Mawenzi commence à s’allumer, qu’il ne reste plus que quelques mètres avant d’atteindre Stella Point (le point bas du plateau qui forme le sommet du Kilimandjaro) et qu’on comprend qu’on va y arriver, la sensation est indescriptible. Les quelques glaciers qu'il reste au sommet du Kilimandjaro Il fait beau, le lever de soleil est spectaculaire. On marche encore 45 minutes le long du cratère pour atteindre Uhuru Peak, le point culminant de l’Afrique à 5895 mètres. Les autres montagnes nimbées de brume, le contraste du sable brun du cratère avec le blanc éclatant de ce qu’il reste de glaciers… on est épuisés mais le paysage est magnifique. On va faire les malins devant le panneau, très fiers… avant de réaliser qu’il y a 60 personnes qui arrivent au sommet chaque jour (y compris la vieille et le nain du Seigneur des Anneaux). Ca fait relativiser l’exploit. Voilà, au sommet du Kilimandjaro, frais et dispo Il ne reste plus qu’à redescendre, ce qui est en fait la partie la moins marrante (on est cuits et on n’a plus d’autre objectif qu’un lit, une douche et une bière à l’arrivée). Repas de fête au camp de base (jus de pomme, beignet de pain et omelette aux frites) et on continue à descendre jusqu’à 3000 mètres dans un camp sordide où on s’effondre immédiatement. Ca fait plus de 30h qu’on n’a pas dormi, en passant de 3900 m à 5900 m à 3000 m. On zappe même les popcorns. Le lendemain, on fait la cérémonie du pourboire avec notre équipe (sans les pourboires parce qu’on n’a pas de liquide, et pour cause, vu le taux de change, il faut une brouette), on se congratule en chansons, on retraverse la forêt l’esprit léger et on va signer une dernière fois le registre en bas de la montagne conquise. Avant de se dire définitivement au revoir, Salum nous emmène déjeuner. On prend le plat traditionnel du coin, poulet frites, et quelques bières. On est saouls. Et on apprend qu’en Tanzanie, quand on est nul à l’école, soit on devient guide sur le Kilimandjaro, soit on devient… instituteur. Bien vu. Joshua, Salum, Baraka, et tout l'équipe qui nous a aidés à grimper au sommet Photos Kilimandjaro


Comment survivre à une semaine à Rio de Janeiro pendant la coupe du monde ?

Le récit d'un voyage d'une semaine à Rio de Janeiro pendant la Coupe du Monde 2014 au Brésil : tourisme, caïpirinhas et matchs de foot.

Aller à Rio pendant la Coupe du Monde, ça c’était une idée bien stupide comme on les aime. Du monde partout, un billet d’avion à un prix défiant toute concurrence (1 mois et demi de salaire, peu ou prou), des abrutis de supporters de tous les pays qui traînent partout... je n’ai pas pu résister. « Salut les gars, je vais à Rio ! » Comme me l’avait justement fait remarquer ce pote qui a fini de me convaincre, ça fait 30 ans qu’on regarde du foot tout le temps, qu’on se paluche les matchs les plus aberrants à la télé, alors la Coupe du Monde au Brésil, l’équipe de France au Maracanã (contre l’Equateur, certes), on peut quand même pas passer à côté de ça. Et puis imagine la tête de tes collègues, le jeudi à 17h quand tu diras “salut les gars, je vais à Rio !“. Ca, c’est l’argument massue. La tête des collègues. C’est clair. Je ne peux pas rater ça. Tant pis pour l’argent, ma fille mangera du topinambour jusqu’en novembre. De toute façon, elle s’en fout, tant que c’est comestible elle ne voit pas la différence. Vue sur Rio de Janeiro de nuit, depuis le Pain de Sucre Caïpirinhas, favelas pacifiées et amicale des anciens nazis Donc nous voilà à Rio de Janeiro, à repérer où se situe le consulat allemand pour aller faire la fameuse blague de l’amicale des anciens nazis (si vous n’avez pas vu OSS117 : Rio ne répond plus, cliquez ici). Et force est d’admettre que j’aurais eu tort de ne pas y aller. On loge dans un appart situé entre Ipanema et Copacabana que nous a loué un dénommé Rodrigo à un prix suspicieusement bas, les caïpis sont bonnes (mais attention, la caïpi, ça tape) et les favelas sont pacifiées. C’est l’hiver, il fait beau, 25° et l’océan est tiède. Tout va bien. Petit aparté, je ne sais pas vous mais l’expression “pacifier une favela“ m’évoque toujours Schwarzie à la tête d’une division blindée venant exploser des petites frappes dans leur bidonville… mais ça ne se passe sans doute pas comme ça, hein ? Ipanema au petit matin, à Rio de Janeiro. Bref, on ne peut pas tellement rêver mieux. Le matin, on se lève pour explorer la ville et à partir de 13h, on va se caler dans un des kiosques qui jalonnent le bord de la plage à Copacabana pour regarder les matchs sur des télés minables (et, oui, on attaque la bière et la caïpi). Rio en touristes : Pain de sucre, Copacabana, Tijuca et Carretão Si la première impression architecturale est décevante (la grande majorité des immeubles sont vétustes et moches), on est quand même vite séduit par l’environnement global de la ville : la beauté de la baie de Rio et des plages, l’atmosphère festive et relax et même finalement le charme un peu déglingue de l’urbanisme. On se fait tous les passages obligés : coucher de soleil au sommet du Pain de Sucre en compagnie de supporters russes et d’une caïpi qui tape sévère, randonnée de la mort à Pedra da Gavea (seulement 1,6 km pour y monter mais 800 mètres de dénivelé) dans la forêt de Tijuca, balade champêtre dans le Jardim Botanico, match du Brésil dans un bar de Botafogo, orgie de picanha chez Carretão (l’institution de la churrascaria) et baignades régulières dans les vagues de Copacabana et Ipanema. Un immeuble désaffecté au milieu de la forêt de Tijuca, au pied de Pedra da Gavea. Le foot à Rio : une religion à la ferveur chancelante Mais bon, on est quand même venus pour le foot. Et d’une manière générale, il faut admettre que la ferveur de la population brésilienne est un tantinet décevante. Bien sûr, elle reste très supérieure à ce qu’on peut voir en France : un tiers des Cariocas se promènent avec un maillot de l’équipe nationale (rarement officiel), les bars sont pleins à craquer pour les matchs du Brésil et tout le monde vous parle de foot tout le temps. Mais on n’entend pas de feux d’artifice quand le Brésil marque un but et les Brésiliens sont tous un peu défaitistes. D’après un pote qui était déjà à Rio lors de la Coupe du Monde 2006 (où le Brésil avait perdu en 1/4 de finale), c’était complètement inenvisageable à l’époque. De là à dire qu’ils pressentaient la rouste intersidérale qu’ils allaient prendre un peu plus tard contre l’Allemagne… On profite de la présence d’un autre pote qui dirige une entreprise à Rio depuis 2 ans pour se tenir au courant de 2-3 curiosités administratives qui montrent que Brésil et foot restent un couple indissociable. Il faut savoir par exemple que les jours de match du Brésil, toutes les entreprises du pays sont tenues de libérer leurs salariés 2 heures avant le coup d’envoi pour leur laisser le temps d’être à l’heure devant leur télé malgré les invraisemblables bouchons. Deux jours avant, ce même pote a appris que, sur décision inopinée du préfet, le jour du match France – Equateur (qui a lieu au Maracanã, à Rio) serait férié dans l’Etat de Rio. Comme ça, parce que ça fait plaisir. C’est une sorte d’Assomption décrétée au pied levé. D’un coup, on comprend mieux l’affirmation : « Au Brésil, le foot est une religion ! » Jour de match au Maracanã : France - Equateur Le jour du match, nous passons la matinée à la plage sur Ipanema. Jour férié oblige (je ne m’en remets pas), elle est bondée. C’est pour nous l’occasion de nous ridiculiser : nous n’alignons jamais plus de trois jongles de suite à côté de mecs qui peuvent jouer une heure sans jamais faire tomber le ballon. Dépités, nous nous rabattons sur l’observation de la faune locale qui nous permet de constater que la passion des Brésiliennes pour les strings n’est pas un mythe. Baignade à la plage d'Ipanema, bondée les jours de matchs au Maracanã, fériés. Puis il est bien vite temps de se mettre en route pour le stade, 4 heures avant le coup d’envoi pour éviter toute mauvaise surprise. On s’est tapé 9 000 bornes pour ce match, ce serait quand même con de rater la Marseillaise… Dans le métro, l’ambiance entre supporters équatoriens et français est gentiment chambreuse. Deux Equatoriennes au physique légèrement supérieur à la moyenne se font même harceler par tous les supporters français de la rame pour faire des photos. « Avec un bisou señorita por favor ! » tentent les plus lourds sous les regards de moins en moins compréhensifs des deux mecs qui accompagnent les señoritas en question. L’excitation est palpable quand nous arrivons aux abords du stade. On sent que les gens sont vraiment heureux d’être là et de rentrer enfin dans ce stade mythique. On croise même quelques vieilles stars sur le retour (« Tiens qui est le blaireau qui s’est fait un maillot avec écrit Diomède derrière ? Ah bah, c’est Bernard Diomède tiens ! »). Le match est nul (un bon vieux 0-0 tactique) et l’ambiance manque un peu de mauvais esprit mais ça n’a pas d’importance, les hymnes sont braillés à pleins poumons et on pourra dire « j’y étais ». Il faudra quand même prendre le temps un jour d’expliquer les règles aux Equatoriens qui essayaient de gagner du temps en deuxième mi-temps alors qu’il leur fallait marquer deux buts pour se qualifier. Un peu couillon… Vue nocturne du stade mythique du Maracanã à la mi-temps de France - Equateur, pendant la Coupe du Monde 2014 Le soir, on va fêter la qualification au Rio Scenarium, club de samba du quartier de Lapa où on retrouve une bonne brochette de supporters de tous bords qui se déhanchent sans grâce, et à des stades variés d’alcoolisation, sur des airs fredonnés par une superbe chanteuse à moustache. On est bien au Brésil. On reviendra. Photos Rio de Janeiro


Comment survivre à la visite de Clearwater, au coeur du Canada profond ?

Porte vaguement civilisée pour accéder au Wells Gray Provincial Park, Clearwater a le charme discutable des bleds absurdes de l'Amérique profonde... au Canada !

Même pour le voyageur le plus aguerri, la définition de l’itinéraire idéal reste un exercice périlleux. Le commentaire un brin emphatique du Lonely Planet, l’enthousiasme démesuré d’un collègue néophyte ou la pure malveillance d’un autre touriste piégé ont tôt fait de vous égarer dans des endroits sans le moindre intérêt. Souvent, on se fait berner par des noms qui évoquent l’exotisme, l’aventure, le mystère, le voyage. Imaginez ma déception en découvrant que le seul intérêt de la sensuelle Vera Cruz est son médiocre aquarium ou que le désert du Kalahari est en fait une sorte de champ de blé vaguement vallonné. Clearwater ou l’Amérique profonde Parfois l’erreur est plus inexplicable. Et c’est ainsi que j’ai découvert la fabuleuse bourgade de Clearwater, ville étape de la Colombie Britannique dont le nom, aussi bien que la réalité, évoque ces incroyables bleds de l’Amérique (ou du Canada en l’occurence) profonde peuplés de bouseux magnifiques à la Twin Peaks. Après 10 jours dans la majestueuse région des Rocheuses canadiennes, le choc est un peu sévère. Le magnifique centre de conférence international de Clearwater, en Colombie Britannique (Canada). Microsoft songe à y organiser son prochain séminaire. Mon premier contact avec Clearwater est avec un centre de conférence pas tout à fait international puis avec l’inévitable excursion au centre d’information, sorte de caverne d’Ali Baba où le touriste plein d’espoir vient glaner l’assurance que son séjour dans la région sera exceptionnel. J’y arrive à l’heure de pointe. Nous sommes en effet trois touristes, au bas mot, à guetter les hôtesses débordées par ce flot inattendu de visiteurs. Mon choix se porte naturellement sur la délicieuse Ronny. De Ronny, on peut dire que si la qualifier d'énorme tient sans doute de l'exagération, la considérer comme stupide relève incontestablement du délicat euphémisme. Au moment où c’est à moi, son téléphone sonne. C’est sa coloc - que l’on imagine au moins aussi gironde - qui s’inquiète du nombre de nuggets que Ronny veut pour son dîner. Après l’avoir éconduite sur un ton affairé, Ronny lève sur moi un regard interrogateur. A Clearwater, le soleil se couche à… l’Ouest ? Je commence à tester son incompétence par quelques questions standards sur les balades de la région de Clearwater. Rassuré par le ton monocorde sur lequel elle débite des informations toutes plus inutiles les unes que les autres, je me décide à poser la question piège que je préparais depuis un moment : ”Tell me Ronny, what would be a good spot to watch sunset?” A mesure que je pose ma question, je vois passer dans son regard l’incompréhension d’abord, puis la stupeur et enfin une authentique terreur. Le coucher de soleil… c’est bien la première fois qu’on la lui fait celle-là. Le fameux buffet Chinois "all you can eat" du Dutch Motel. Un must absolu à Clearwater... Reprenant doucement ses esprits, je la vois gagner du temps. “Le soleil se couche à l’Est ou à l’Ouest ? A… l’Ouest ?”, hasarde-t-elle en quêtant mon approbation du regard. Un moment tenté de pousser le sadisme un peu plus loin, je finis par opiner. Elle commence par bredouiller quelques indications puis, sans doute effarée par l’ampleur de la tâche, finit par renoncer. Je sens qu’on va bien rigoler à Clearwater. Dans l’antre de l’ogresse La suite de ma découverte m’emmène dans la guest house qui me servira de camp de base pour les deux prochains jours. Dans ma chambre, la décoration évoque à nouveau le bon goût légendaire de l’Amérique profonde. S’y cotoient en effet pêle-mêle des tableaux infâmes représentant Lancelot du Lac en extase devant Guenièvre, la Cène ou une villa méditerranéenne, des pendules ornées de roses en céramique, une photo de la fille de la maison dans un cadre fleuri et des assiettes accrochées au mur. La totalité de la bâtisse est par ailleurs tapissée d’une moquette turquoise qui recouvre jusqu’à la lunette des toilettes. Le kitsch est un art. Grosse fréquentation au mall de Clearwater. On comprend que le liquor store soit l'unique réconfort des habitants... L’ogresse qui tient la maison d’hôte semble vivre dans la cave. Elle m’indique une sonnette pour la prévenir quand j’ai besoin de quelque chose. Chaque fois que je l’actionne, elle émerge de son sous-sol pour m’entretenir de son étonnante conversation. Nous parlons d'abord de Paris, où elle est allée quelques jours il y a 30 ans, et qui est sa ville préférée. A ce propos, elle me demande des nouvelles de la polémique concernant la construction de la Pyramide du Louvre... hum, c'est pas nouveau nouveau cette histoire. Plus tard, elle évoque sa haine farouche de la violence, surtout à la télévision, alors que je vois derrière elle les grands films pacifistes Inglourious Basterds, Blood Diamond et Funny Games parmi ses DVD. Ceci mis à part, elle est simplement adorable. Spahat et Helmcken falls : le clou du spectacle Une fois installé, il est enfin temps d’aller découvrir le Wells Gray Provincial Park, la raison initiale de cette étape à Clearwater. J’y fais quelques jolies randonnées mais le clou du spectacle est sans aucun doute les deux grandes et belles cascades Helmcken Falls et Spahat Falls. La nature y est très belle mais après les paysages splendides de Banff et Jasper, difficile de ne pas rester un peu sur sa faim. La cascade d'Helmcken Falls fait 141 mètres de haut et est le principal point d'intérêt du Wells Gray Provincial Park, près de Clearwater. Clearwater : course de pick-up, atelier saucisse et bible camp En rentrant à Clearwater, je découvre quelques nouvelles pépites. Ici des fermiers empaillés décorent le portail d’une maison, là un motel miteux vante son buffet chinois “all you can eat” à peine concurrencé par le “steak & prawns” du vendredi proposé par l’auberge voisine. Un petit peu effrayants ces fermiers empaillés sur une palissade... A 17h, le mall tout proche est désert. La seule voiture de l’immense parking est arrêtée devant un liquor store.  En découvrant sur la devanture du supermarché les prochains grands évènements qui vont agiter Clearwater, j'envisage la place considérable qu'il doit avoir dans la communauté : course de pick-up dans la boue, atelier saucisse chez Vicki, voyance chez Erica ou pédicure chez Marg. Un shot d'alcool à brûler s'il-vous-plait. Vite. Le tableau des prochains évènements à Clearwater. Alléchant. Une dernière interrogation sur le genre de forfait qu’ont dû commettre les pauvres enfants pensionnaires du Bible Camp de Clearwater et je poursuis ma route vers la splendide île de Vancouver. Finalement, on se sera bien amusé à Clearwater… ne manquez pas d’y passer.


Vanuatu : comment survivre à une tempête en voilier ?

Comment mon frère et moi (24 minutes de navigation à nous deux) avons vaincu les éléments sur un Hobbycat de fortune au large de Port Vila, au Vanuatu.

Nous partîmes tous deux, mais par un prompt renfort, Nous nous vîmes au moins quatre en arrivant au port… Nous partîmes donc, fiers matelots, navigateurs aguerris, à la conquête de l’océan terrible et sans pardon. Forts de notre expérience de marins (au moins une demi-heure de navigation à nous deux !), nous étions prêts à affronter les flots déchaînés à bord de notre impressionnante embarcation : un fameux 1 mât d’au moins 5 pieds de long !! D’emblée, l’entente était parfaite : je barrais sereinement tandis que mon frère choquait la voile afin de prendre au mieux un vent de terre puissant qui nous permettait de filer à vive allure. Nous utilisions les termes marins avec une aisance étonnante : "Souquez les artibuses !", "Attention ! La voile fassouille !", "On n’a qu’à louvoyer…" ou encore "Le flotteur avant bâbord enfourne !". Il ne faut jamais négliger l'importance d'une sémantique juste et précise en situation aventureuse. L’entente étant parfaite, nous décidâmes bientôt de ne point nous en tenir à un bref tour de l’île dans la baie de Port Vila… Nous étions d’humeur aventureuse et conquérante, nous sentions la bienveillance de Poséidon : nous partîmes explorer les côtes au Nord, bien plus au Nord. Nous doublions cap sur cap avec autant d’aisance et d’empressement qu’en aurait mis Lord Jim à déserter son navire. Mais à force de doubler des caps, bientôt de caps, il n’y eut plus. Le grand large s’offrait à nous, dans toute la fureur de sa liberté : les vagues de 3 mètres, les bourrasques typhonesques nous lançaient un ultime défi… que nous relevâmes bravement et glorieusement. Notre navire, ballotté comme une coquille de noix dans une tempête de bénitier, montait et descendait avec aisance au cœur des flots déchaînés. Filant à la vitesse de l’éclair, nous éprouvions l’ivresse de la grande navigation, le visage fouetté par les embruns, la chemise trempée par les paquets d’eau salée qui s’écrasaient sur le pont, les yeux brûlés par l’iode et le soleil de midi. "Bring me that horizon !", grisés, exaltés, émus par la vitesse et notre invraisemblable maîtrise du grand bleu, nous filions droit devant, fendant les vagues, tenant le cap malgré la houle, serrant la voile afin d’être toujours au bord de la rupture, au maximum des possibilités de notre radeau de la méduse. Mais les plus grandes aventures, les plus grandes exaltations ont une fin, et il fut bientôt temps de faire demi-tour ou plutôt de "changer le bord" comme on dit dans la marine. Alors que nous profitions de "l'effet surf" sur les vagues désormais salutaires, nous nous rapprochâmes tranquillement de la côte pour nous en retourner heureux et couverts de la gloire de ceux qui sont allés jusqu’en enfer et en sont revenus. Nous étions partis depuis bientôt deux heures et filions à toute allure vers le port quand, ô stupeur, la "drisse en fils de fer tressé de maintient" péta ! Pour le coup, la voile fassouillait franchement… Croyez-vous que cela nous découragea, alors que nous étions encore à 1h30 de notre point d’arrivée ? Que nenni ! Redoublant d’ardeur, nous "rechoquâmes" la voilure et continuâmes notre périple sans faiblir l’allure. Nous arrivions en vue des bouées rouges et vertes annonçant l’entrée au port : plus qu’une heure de navigation et nous étions saufs. C’est alors qu’une barque à moteur nous coupa la route, profitant d’un virage de bord délicat pour nous aborder. C’était notre père et Jimmy venus à notre rescousse, inquiets de nous savoir partis depuis plus de deux heures et moyennement confiants dans notre capacité à naviguer par vent de force 7. Ils nous obligèrent, malgré nos protestations à nous arrimer à eux afin d’être tractés jusqu’à la rive. Et c’est ainsi que nous rentrâmes au port, debout sur le pont, la poitrine gonflée d'orgueil à la proue de notre navire vaincu par les éléments, la voile en berne et le cœur satisfait d’avoir ainsi triomphé de l’océan tout-puissant. A vaincre le péril, on triomphe plein de gloire !


Balade indienne

Du Rajasthan aux rives du Gange, récit d'un voyage d'un mois dans le Nord de l'Inde, un pays qui agace autant qu'il envoûte.

Comment écrire sur l’Inde alors que tout n’y est qu’impressions, odeurs, sensations… L’oppression d’abord lorsque l’on arrive dans la chaude et moite Delhi. Bruyante, sale, étouffante, on s’y sent toujours un peu écrasé, sollicité par les innombrables rabatteurs qui proposent pêle-mêle des rickshaws, des restaurants, des objets absurdes, une visite guidée ou demandent simplement quelques roupies. La circulation y est frénétique et tous les sens sont mis à l’épreuve. Puis vient la période de l’acclimatation. On part dans le Rajasthan et des pauses à Mandawa et Kolayat, petits villages méconnus nous permettent d’éprouver un peu de tranquillité et de commencer à nous immerger dans ce pays envoûtant. Un homme apprend à nager dans l'eau du lac de Kolayat, rendue laiteuse par le sable du désert. Jaisalmer, la forteresse du désert L’acclimatation se poursuit à Bikaner et Jaisalmer. Cette dernière, improbable forteresse ocre posée au milieu du désert, est notre premier vrai coup de cœur indien. On y retrouve des temples finement ciselés, des palais de Maharajas sublimes, des vaches sacrées se promenant avec indolence. Les Indiens sont toujours aussi insistants mais on ne s’en énerve plus, ça devient plutôt drôle et nous nous amusons à imaginer demander quelques roupies chaque fois que l’on voudra nous photographier… le voyage serait vite remboursé. Une tempête de sable plus tard, vécue au bord d’un improbable réservoir à l’extérieur de la ville, et un hôtel aussi bon marché que charmant finissent de nous conquérir. Jodhpur, sale, bruyante mais... superbe Puis arrive Jodhpur, ville peinte entièrement en bleu et surplombée par le fort le plus beau du Rajasthan, Meherangarh. Désespérément sale, bruyante, puante, la ville nous assomme et nous avons l’impression de revenir au point de départ. Nous sommes fatigués, agacés en arrivant. Et puis on se laisse reprendre par la beauté des lieux, la gentillesse des gens, l’atmosphère qui règne en Inde et qui reste indéfinissable, qui fait que, généralement, c’est un pays que l’on adore ou que l’on déteste. La forteresse de Meherangarh surplombe les maisons toutes bleues de Jodhpur Un passage par les temples Jaïns magnifiques et la tranquillité de Mount Abu et de Ranakpur, puis nous filons à Udaipur, son lac et ses palais. Les Indiens, jamais à court d’idées stupides pour entretenir le touriste, y proposent l’excellent "Octopussy Show", qui consiste à regarder un DVD piraté du James Bond Octopussy (tourné en partie à Udaipur) sous-titré en chinois sur un vieil ordinateur dans un restaurant miteux. Génial. Pushkar est riche en mésaventures. D’abord arnaqués par de faux Brahmanes (qui ne manquent pas de nous offrir un bracelet fort précieux signifiant pour tous les autres arnaqueurs de la ville, "pas la peine de vous fatiguer, on s’est déjà fait avoir"), nous expérimentons ensuite les talents du Docteur Mathur, officiellement réflexologue et officieusement tortionnaire. Taj Mahal et Varanasi : inoubliables ! Suivent Ajmer, Jaïpur, Agra et leurs splendeurs architecturales, immanquables pour tout touriste qui se respecte. Le Taj Mahal, vaisseau de marbre époustouflant, rentre immédiatement dans la catégorie des endroits qui émerveillent en dépit de l’attente qu’ils suscitent. C’est l’Inde toute entière qui s’y incarne : sa démesure et son romantisme, sa spiritualité et son goût pour la richesse ostentatoire, sa culture architecturale… son identité, en somme. Le Taj Mahal, mausolée bâti par l'empereur Moghol Shah Jahan pour sa Princesse Mumtaz Mahal Puis nous prenons le train, d’Agra à Varanasi. Encore une expérience à ne pas rater, les trains indiens… les odeurs, les bruits, les rencontres. A chacune des nombreuses gares où l’on s’arrête, quelle que soit l’heure, des marchands ambulants braillent "Chai tea ! Chai tea !" sur le quai et dans les wagons. Le trajet dure 20h au lieu de 12h mais on n’est plus à ça près, on est entré dans un état second où le temps ne passe plus tellement. Varanasi est inoubliable ; on pourrait se promener éternellement sur les ghats sans jamais s’en lasser. La ville vit autour du Gange, fleuve sacré qui apporte la vie et la mort. D’une saleté toxique, il est le théâtre des crémations hindoues mais aussi celui des ablutions et des prières matinales. Les colporteurs sont particulièrement féroces à Varanasi mais, est-ce par habitude ou simplement parce que l’atmosphère de la ville est si particulière, on ne s’en formalise pas. On les éconduit tranquillement, parfois on discute un peu. On se sent bien. L'érotisme tranquille de Khajuraho L’érotisme de Khajuraho et ses innombrables temples aux sculptures évocatrices, les rencontres avec les ouvrières d’Orrcha, les grandes avenues aérées et l’architecture soviétique de Chandigarh (ville concept de l’architecte Le Corbusier) sont les étapes qui nous mènent jusqu’à la fin du voyage dans les contreforts de l’Himalaya, à Simla et Manali. Nous y retrouvons un peu plus de tranquillité, de fraicheur, une certaine ambiance baba cool amusante. L'une des innombrables sculptures érotiques qui recouvrent les temples de Khajuraho. Rentrés à Delhi, la ville nous parait presque agréable. L’hôtel dont nous n’avions pas utilisé les services pour la location de voiture car il n’était pas recommandé dans le Lonely Planet a depuis piraté un logo du fameux guide qu’il a fièrement collé sur sa porte. Ces Indiens sont décidément impayables. Au terme de ce voyage de 30 jours éprouvants mais envoûtants, nous sommes heureux de rentrer. Nous savons que nous reviendrons avant longtemps… Photos Inde Itinéraire Inde


Comment survivre aux mines d’argent de Potosi

Mi-aventurier, mi-couard, je me hasarde à partir explorer les mines d'argent de Potosi, en Bolivie, en compagnie du Roi Scorpion et de consternantes équipières

On oublie trop souvent que les 7 nains, avant de consacrer leur risible existence à entretenir l'albinos frigide, étaient de vaillants mineurs. Et pour cela, ils méritent notre respect le plus absolu. Ce d'autant qu'ils sifflaient en allant miner... Tel était l'état de nos passionantes réflexions en ressortant, sains et saufs, des mines de Potosí, où, putain, on a encore bien cru qu'on allait tous y rester. Expédition dans les mines d'argent de Potosi En effet, après nous être levés de bon matin pour aller affronter avec un courage très relatif le dédale tortueux et toxique (silice, souffre,...) des galeries percées depuis 5 siècles dans le Cerro Rico (ce qui le fait ressembler à une gigantesque termitière), nous faisons connaissance avec notre groupe et le guide, Pedro, qui préfère qu'on l'appelle Roi Scorpion (on le comprend). La décharge que l'on nous fait signer avant de nous aventurer dans les mines d'argent de Potosi... Ca donne confiance. Il nous annonce, avec des trémolos dans la voix, que nous sommes le meilleur groupe, que les autres groupes vont vouloir nous tuer à coup de dynamite mais que, comme nous sommes les plus forts ("¡ los mejores gringuitos de mi vida !"), c'est nous qui allons les occire à coup d'explosif. Galvanisés par cette causerie exaltante, nous jettons un oeil aux membres de notre groupe de choc. Hum... en termes de mercenaires d'élite, il faudra repasser. Je cite en vrac : deux Irlandaises, tâches de rousseur et dents de lapin (que nous appellerons Bugs et Bunny pour la suite du récit), une australienne affligée du syndrome de la bouteille d'Orangina (Orangina), et une anglaise rousse et à moitié chauve (Pudding). D'un coup, on est moins confiant... Pas de panique cependant, on va mettre à profit les attributs de chacun afin de surprendre les autres groupes : - Nous cacherons les batons de dynamite entre les énormes fesses d'Orangina. - Bugs et Bunny rongeront la roche pour permettre à notre char d'assaut de passer par les boyaux les plus étroits. - Enfin, Pudding fermera la marche afin que nous puissions l'abandonner en pâture aux prédateurs en cas de coup dur (à l'instar des vieillards dans les tribus de primates). La stratégie ainsi établie, il s'agit désormais de s'équiper : casque, lampe frontale, pantalon, veste et bottes en caoutchouc... La panoplie du parfait petit éboueur, sans oublier les batons de dynamite, la nitroglycérine et le masque de nuit Air France, prouvé très efficace pour filtrer silicates et monoxyde de carbone. J'aime autant vous dire qu'on a fière allure (sans vous parler de la dégaine de nos consternantes équipières). On prend une gorgée de la boisson favorite des mineurs : de l'alcool de canne à sucre "potable" à 96 degrés (origine probable de l'expression "se coller une mine"). Après ça, on se sent beaucoup moins anxieux (presque téméraires) pour affronter "El Tío", dieu/diable des mineurs, espèce de monstre doté d'une impressionnante érection, idolâtré au fond d'une galerie. El Tio, dieu des mineurs bien caché au fond d'une galerie des mines d'argent de Potosi On est donc partis pour 2h à ramper dans des tunnels creusés au fil des ans à la dynamite et dont les poutres de soutien n'inspirent qu'une confiance très relative. N'oublions pas qu'il fait 35 degrés, que nous sommes à 4100 mètres d'altitude et que l'air est suffocant, ce qui rend la progression dans la mine très pénible. On mâche de la feuille de coca en quantité industrielle pour tenir le coup. On s'enfonce à 150 mètres à l'intérieur de la mine puis on descend au niveau inférieur, 60 mètres plus bas. Tout cela pliés en deux, voire rampant dans le soufre (pas recommandé à nos amis claustros). Tout au fond, nous rencontrons un mineur, couvert de sueur, de boue et de substances toxiques qui s'apprête à s'ouvrir une brèche à la dynamite. Nous le couvrons de présents somptuaires (soda, feuilles de coca, dynamite) afin qu'il nous épargne. A notre grand soulagement, il y consent et nous pouvons rebrousser chemin jusqu'à l'air libre. Ouf, on a survécu... pourtant, on a encore bien cru qu'on allait tous y rester. Le temps pour les guides de nous faire une petite démonstration d'explosion de dynamite (ça ressemble à un gros bâton de wasabi) boostée à la nitroglycérine et on rentre à l'hôtel El Turista (qui porte si bien son nom). Les conditions de travail inhumaines des mineurs Pour être sérieux une seconde, les conditions de travail  des mineurs (dont l'espérance de vie ne dépasse pas 45 ans) sont atroces et ne se sont presque pas améliorées depuis le XVIè siècle... A l'époque, Potosi était l'une des villes les plus riches du monde grâce à l'extraction d'argent qui alimentait les caisses de l'Etat espagnol. Aujourd'hui, après plus de 4 siècles d'exploitation, la montagne n'a plus grand chose à offrir aux mineurs mais reste une des seules sources de revenus et d'emploi possible pour la population locale. On se demande aussi comment cette montagne fait pour tenir encore debout avec les plus de 600 galeries qui y sont percées chaque jour. Les risques d'effondrement sont de plus en plus grands (certains scientifiques avancent même que le Cerro Rico aurait du s'effondrer sur lui-même il y a plusieurs dizaines d'années). Comme disait Coluche, "plus y'a de gruyère, plus y'a de trous et puis plus y'a de trous, bah, moins y'a de gruyère".


Volcan Yasur : comment survivre à une éruption volcanique ?

Expédition sur le bord du cratère du volcan Yasur, à Tanna (Vanuatu), l'un des volcans les plus actifs du monde en pleine éruption...

Alors voilà. Ca ne faisait plus aucun doute. J’ai fermement cru que ça y était. J’en étais sûr… Bien, me direz-vous, mais sûr de quoi ? Mais putain, cette fois-ci j’ai vraiment cru qu’on allait tous y rester ! Alors oui, je vous entends, sarcastiques : ce n’est pas la première fois qu’il a bien l’impression qu’ils vont tous y rester ; ce n’est, d’ailleurs, sans doute pas la dernière fois non plus. Bon… Soit. Mais là, j’avais la conviction qu’on allait tous y rester… Bon, peut-être pas tous y rester. Mais au moins un. Et celui-là, j’ai encore bien cru que ce serait moi. Et puis finalement non. On n’y est pas resté, ni moi, ni les autres et j’espère que vous en êtes aussi soulagés que nous. Le Volcan Yasur à Tanna : l'un des volcans les plus actifs de la planète Mais je commence par la fin. Recommençons depuis le début. Nous sommes donc arrivés à Tanna, petite île à l’extrême Sud de l’archipel du Vanuatu, dont l’intérêt principal réside dans son volcan, le Yasur, l’un des plus actifs de la planète… Enfin, « l’un des volcans les plus actifs de la planète », j’imagine que ça vous dit pas grand-chose de plus qu’à nous, étant donné que les autres (les plus actifs, les moins actifs, les actifs moyens) on ne les connaît pas. Du coup, nous, on y va sans se douter de rien. Panache de fumée s'échappant du cratère du Yasur - Tanna (Vanuatu) A ce stade, il me semble nécessaire de vous informer de la classification des niveaux d’activité du Yasur : Niveau 0 : Bob le touriste, pris d’une envie pressante, va pisser dans le cratère. Niveau 1 : Bob emporte son transat et un pinacolada au sommet du cratère et applaudit bruyamment, légèrement éméché, à chacune des rares flammèches qui surgissent. Niveau 2 : Bob s’équipe de son casque et monte prudemment au sommet, en faisant quand même bien gaffe d’avoir le vent dans le dos et en gardant toujours une jambe face à la sortie pour pouvoir se tirer au plus vite si le vent venait à changer de sens. Niveau 3 : Bob n’a pas le droit de sortir de son bungalow et n’arrive plus très bien à se souvenir pourquoi il s’est cogné 35 heures de voyage (une semaine de travail de fonctionnaire) pour venir jusqu’ici. Niveau 4 : Les sorties de secours sont situées à l’avant, au milieu et à l’arrière de… A l’hôtel, la directrice nous annonce que le volcan est en « niveau 2 haut », ce qui est idéal puisque au-delà de ce niveau, il n’est plus autorisé de monter sur le volcan. Une belle activité en perspective… Je m’interromps à nouveau pour préciser que « niveau 2 haut », en fait c’est « niveau 3 », mais ça veut juste dire qu’ils ont encore un peu de marge avant d’atteindre le quota de touristes démembrés autorisé pour la saison. Chorale à Tanna - Vanuatu Bref, je vous passe les détails, après deux-trois heures de piste totalement défoncée et quelques arrêts pittoresques (notamment l’excellente chorale autochtone des adventistes du septième jour : « Bye bye visiting friends ! Have a safe journey back home ! And may god be with you all ! » ; des paroles qui prennent tout leur sens quand on est en route pour le Yasur), nous nous retrouvons au pied du fameux volcan… L'éruption du Yasur : inquiétant et fascinant C’est le moment que choisit le guide pour nous mettre en confiance : « Attention, il est très actif en ce moment, c’est dangereux, restez pas trop loin de moi. » A cet instant on ne peut pas s’empêcher de penser que si une bombe volcanique s’est mis en tête de nous tomber sur la tronche, on voit pas tellement en quoi le fait d’être à côté du guide peut bien nous être utile. Quand on arrive au sommet du cratère, c’est là que je commence à penser qu’on a de très fortes chances de tous y rester… surtout moi. Je peux vous dire que quand le Yasur se met à gronder, fait trembler le sol avant de projeter une gerbe de lave haute de 50 mètres, je remercie le ciel de m’être vidé la vessie avant de monter. Volcan Yasur en éruption - Tanna (Vanuatu) Terrorisé par ce déchaînement de violence parfaitement gratuit (tous le monde sait très bien que c’est lui le plus fort, pas la peine de s’énerver), je recherche le réconfort d’un guide serein : « Oui, moi je travaille pour Aventures et Volcans . Là il est très actif, je trouve quand même que c’est dangereux d’être ici » (l’air de penser que si on lui avait laissé le choix, il n’aurait sans doute pas choisi de passer sa soirée ici). Malgré tout, j’ai l’impression d’être le seul conscient que nos existences sont sur le point de s’achever brutalement. C’est sans doute le phénomène le plus impressionnant auquel il m’ait été donné d’assister (ça et un but de Francis Llacer). Sentir la puissance de ce volcan, son souffle permanent, les colonnes de fumées qui s’échappent du cratère, l’onde de choc, le fracas et les feux d’artifice à chaque explosion est une expérience à la fois inquiétante et fascinante. Et puis bon, on finit par s’en aller… Heureusement, quelques Australiens égaient notre retour à l’hôtel en ayant la savoureuse idée de planter leur 4x4 dans un énorme trou au milieu de la route. Ainsi s’achève l’aventure inouïe au Yasur, point d’orgue et dernier « highlight » de notre voyage. Mais, putain, j’ai encore bien cru qu’on allait tous y rester !! Photos Vanuatu Itinéraire Vanuatu


Laponie : aurores boréales sur le cercle arctique

5 jours en Laponie finlandaise, à Luosto au Nord du cercle arctique, pour observer les aurores boréales.

La grosse déception, d’abord, c’est que je ne sais toujours pas si les castors lapons sont hermaphrodites. Je ne sais d'ailleurs même pas s'il y a effectivement des castors en Laponie… Cette remarque liminaire établie, nous voilà donc en route pour cinq jours à Luosto, en Laponie finlandaise, au Nord du Cercle Arctique et au cœur du parc national mondialement réputé (ou pas) de Pyhä-Luosto. L’objectif avoué de l’escapade est d’y observer des aurores boréales, ce phénomène magnétique si étonnant de lumières vertes (et, si l’on est chanceux, rouge, bleue, jaune, etc.) s’agitant le ciel nocturne et boréal. Les aurores boréales se forment quand les vents solaires (des particules projetées à travers la galaxie lors des éruptions solaires) entrent en contact avec la magnétosphère de la Terre (pour plus d'explications incompréhensibles, je vous recommande la page Wikipédia). On les observe donc mieux lors des périodes d’intense activité solaire, tous les 10-11 ans en moyenne. En 2013 et 2014, on se trouve justement au milieu d’un pic d’activité solaire. C’est donc le bon moment pour se précipiter en Laponie, en Islande ou en Alaska. Une aurore boréale dans le ciel de Luosto en Laponie - Finlande Luosto n’est pas ce que l’on a coutume d’appeler une mégalopole : deux hôtels, deux restos, un bar, une boîte de nuit et un centre de sports d’hiver que se partagent les moins de 2 habitants au kilomètre carré de la région. Il y est assez simple de distinguer le touriste de l’autochtone car comme il n’y a qu’un seul centre sportif, tous les touristes ont rigoureusement le même équipement : une combinaison noire et bleue trop grande qui donne un vague air de teletubbies à tous les visiteurs. Nous logeons à l’excellent Aurora Chalet qui, outre son confort matériel (sauna et cheminée dans la chambre), a la bonne idée de fournir à ses clients un téléphone portable sur lequel on reçoit un sms en cas d’aurore boréale. Pratique. Enfin, pratique si ça marchait parce qu’en réalité, une fois sur deux, le sms n’est pas assez fort pour vous réveiller et l’autre fois, vous êtes réveillé, il y a des aurores boréales, mais le téléphone ne reçoit pas de sms. Deux soirs sur les quatre passés sur place, nous avons la chance de voir des aurores boréales, instants magiques et furtifs (quelques minutes) où le ciel est soudain envahi de flammes vertes dans un spectacle complètement irréel. Les autres soirs, on peut tout de même observer la pureté infinie du ciel lapon, quasiment vierge de toute pollution, et on ne se résigne à rentrer à l’hôtel que lorsque l’on est sur le point de perdre sa troisième phalange. La pureté du ciel lapon, quasi vierge de toute pollution - Luosto (Finlande) Nous passons cinq jours excellents, à profiter des activités la journée (motoneige, chiens de traineau, safari au parc des rennes, balades en raquettes, etc.) et à traquer les aurores boréales la nuit. Enfin, avant de s’aventurer en Laponie, il faut savoir deux-trois choses, que je liste maintenant : - Le finlandais est une jolie langue : FAUX Non seulement le finlandais est une langue très laide mais, c’est un comble, elle est en plus complètement incompréhensible. Il parait que le finlandais ressemble à l’estonien mais il se trouve malheureusement que mon estonien est également très rudimentaire. - Le Finlandais est grand et blond : FAUX Alors le Finlandais, je ne sais pas, mais le Lapon, lui, est tout petit et généralement un peu rond. Il faut dire que le Lapon mange beaucoup entre les repas et ne doit pas faire beaucoup d’exercice. Et franchement, on ne leur jette pas la pierre, faire de l’exercice quand il fait -25° 9 mois de l’année… - Le Lapon se réchauffe à la vodka : FAUX Moi qui espérais être abreuvé de vodka finlandaise distillée à l’arrière d’une ferme à rennes pendant les excursions dans le froid polaire, j’en ai été pour mes frais. Le Lapon se réchauffe à l’oasis (vous savez, des fruits, de l’eau de source et du fun) bouillant et dans un sauna. - Les huskies sont beaux : FAUX Les huskies sont les chiens de traineaux. Dans l’imaginaire populaire, ce sont des peluches blanches aux yeux bleus. Si de rares chiens de traineau sont blancs, la plupart sont d’horribles clébards marron, laids et puants, qui aboient sans cesse et qui sont tellement bêtes qu’il faut les obliger à arrêter de courir pour éviter qu’ils ne meurent d’épuisement… le chien de traineau est une activité tout à fait ludique, cependant. Les chiens de traineau (ou huskies) sont bien souvent d'horribles clébards marron - Laponie (Finlande) - Les rennes sont des animaux majestueux : FAUX Le renne est un animal rigolo, lent et fiable : idéal pour emmener grand-mère dans l’igloo voisin. Mais le renne est un nabot, à peu près aussi haut au garrot qu’un poney Shetland. Avouez que ça fait réfléchir à la stature du père Noël. Cela dit, la tête du renne fait une excellente décoration au-dessus d’une cheminée champêtre. - Le Lapon est affable et chaleureux : FAUX Qu’on me comprenne, ce n’est pas que le Lapon soit méchant mais, simplement, il s’en fout (et si vous voulez mon avis, il a bien raison). Voilà, vous êtes parés… Photos Laponie


Chicago : quelques photos d’un week-end d’hiver

Lac Michigan gelé, architecture et vue sur la ville de nuit

Chicago en plein hiver, ça me faisait fantasmer. J'espérais des températures polaires et une tempête de neige. En fait, il faisait plutôt beau et pas trop froid mais un week-end express (arrivée vendredi après-midi, retour dimanche soir) en février 2013 m'a quand même permis de ramener quelques photos marrantes : les blocs de glaces en désordre sur le lac Michigan gelé, la vue fantastique depuis le sommet du John Hancock Center (344 mètres et 100 étages) et l'architecture toujours très belle de la ville. A part ces quelques arrêts photo, je vous recommande de déambuler dans les rues du sous-sol de la ville et de prendre le "Loop" (ligne de métro qui fait le tour de la ville) qui ont tous deux été immortalisés par Christopher Nolan dans The Dark Knight. Enfin, s'il vous reste un peu de temps allez rigoler à Second City, la scène comique qui a révélé Tina Fey et est connue comme l'antichambre du Saturday Night Live (attention, il faut bien parler anglais pour en profiter), et tentez la Deep Dish Pizza, grande spécialité de Chicago. Vue sur le lac Michigan gelé la nuit depuis le John Hancock Center - Chicago Le Skyline de Chicago vu depuis l'observatoire du John Hancock Center Trump Tower - Chicago A Chicago se côtoient des styles architecturaux très divers, comme ici...      


Jordanie : Mer Morte, Petra et Wadi Rum

De la Mer Morte à Petra en passant par le désert du Wadi Rum, la Vallée du Jourdain et Amman, quelques impressions d'un voyage d'une semaine en Jordanie.

La veille du départ en Jordanie, bien sûr, on se refait Indiana Jones et la Dernière Croisade. Officiellement, c’est pour se mettre dans l’ambiance et jeter un œil à Petra avant de la voir en vrai. En réalité, c’est pour revoir pour la 17ème fois ce film génial… parce que Petra, on la voit à peu près 45 secondes sur un film de plus de 2h en fait. C’est pas grave, on est dans le bain. On commence par Jerash On arrive à Amman où on ne reste pas parce que, d’une part, on soupçonne largement qu’il n’y a strictement rien à y voir et, d’autre part, on n’aime pas le tourisme urbain. On file au Nord pour Jerash, un joli amoncellement de ruinas qui évoque vaguement la Baalbek libanaise en un peu mieux conservé. Temple de Zeus (que notre guide qualifie de Dieu du Soleil avec un aplomb qui m’aurait peut-être fait douter si mon frère n’avait pas explosé de rire à côté de moi), place ovale, amphithéâtres, vestiges d’églises byzantines. Tout ça est à la fois fort beau et un petit peu bordélique. Croiser deux autochtones en habit traditionnel jordanien jouant de la cornemuse pour les touristes ne contribue pas vraiment à rendre l’ensemble plus homogène. Un vestige de la colonisation britannique, apprend-on… il n’en faut pas plus pour nous convaincre du véritable fléau que fut cette histoire de colonisation. La Mer Morte Après cette étape culturo-folklorique, nous reprenons la route au Sud. Nous repassons par Amman – et entreprenons de la snobber une deuxième fois en moins de 24h – et filons jusqu’à la Mer Morte. Petite incise culturelle, la Mer Morte est ainsi nommée car son niveau de salinité (près de 350 grammes de sel par litre d’eau – par comparaison, la Méditerranée concentre entre 36 et 38 grammes de sel par litre) interdit la prolifération de la moindre forme de vie, qu’elle soit animale ou végétale. Sur une mosaïque pluri-centenaire représentant la région dans une église à Madaba, on a même représenté de malheureux poissons faisant demi-tour dans le Jourdain pour éviter de se retrouver piégés dans la Mer Morte. Ponton - Mer Morte (Jordanie) Au bord de la Mer Morte, nous logeons au Movenpick Dead Sea (astucieusement nommé). Si l’hôtel, immense, doit être invivable en pleine saison touristique, au mois de décembre, il s’en dégage une impression de village fantôme tout à fait délectable. On navigue de piscine en piscine et de restaurant en restaurant en échangeant des regards de satisfaction entendus avec les autres rares touristes qui ont eu la même brillante idée de venir profiter de tout cela hors saison. Le climat est idéal, juste chaud et ensoleillé comme il faut dans la journée et frais le soir. Ce d’autant que pour une raison que je n’ai pas le courage de chercher (émanations de la Mer Morte ou supplément d’atmosphère lié au fait d’être dans une cuvette à 400 mètres sous le niveau de la mer), on n’attrape pas de coup de soleil dans la région de la Mer Morte. On passe donc la journée entre les sources chaudes et souffrées de Ma’in, des bains de soleil sans risques (et surtout sans la pénible corvée du crémage) et des baignades dans la Mer Morte. Ca, c’est le sommet. Parce que, comme Obélix dans L’Odyssée d’Astérix, on flotte. Mais on flotte vraiment, hein, au point qu’il est difficile de nager parce que, une fois sur le ventre, les pieds remontent automatiquement à la surface. On ressort, on se tartine de boue aux vertus médicinales (et ludiques) avérées, on sèche et on retourne flotter dans la Mer Morte. Le paysage de la Mer Morte, grande étendue d’eau située au milieu d’un grand désert rocailleux, est relativement unique. On y ressent un sentiment d’irréel renforcé le matin par l’absence de distinction entre l’eau et le ciel et le soir par des lumières d’une douceur surprenante. Une danse du ventre bas de gamme chacun des deux soirs où on est restés. On est bien, en vacances. En route pour Petra S’ensuit une longue journée de route pour Petra, meublée par quelques attractions mineures mais pas déplaisantes : le Mont Nebo et sa vue sur la Vallée du Jourdain, Madaba et sa mosaïque, Kerak et son fort de croisés. Et puis, enfin, on y est. A Petra. Je sifflote Indiana Jones. Elle mérite une ode à elle seule : Petra la sublime. Nous y passons deux jours pleins. J’aurais pu y rester 4 ou 5 jours. Y retourner, m’asseoir sur une esplanade dans les hauteurs et rester calmement là à lire ou juste regarder. On ne s’en lasse pas. Ce dont on se lasse, en revanche, ce sont les tags infâmes et les boîtes de conserve laissés à l’intérieur des mausolées. Qui fait ça ? Quel genre d’abruti se fout si éperdument de la beauté de l’endroit pour y peindre, à la bombe bleue, « Jean-Louis était là » (je dis Jean-Louis mais c'est une licence poétique) ? Excursion dans le désert du Wadi Rum Entre les deux jours passés à Petra, nous partons explorer rapidement le désert du Wadi Rum, une véritable merveille naturelle. Désert principalement rocheux, on l’arpente assis à l’arrière d’un pick-up, à l’air libre. Quelques petites dunes de sable mais surtout de magnifiques et monumentales formations rocheuses qui évoquent d’interminables empilements de petites maisons troglodytes arrondies. L’érosion a parfois fait s’écrouler un grand pan de falaise. A ces endroits, on dirait qu’un sabre géant a sectionné, nette, la montagne. On passe même devant un mur, celui de la maison de Lawrence d’Arabie, parait-il. Là, on est obligé de les croire sur parole. En repartant vers Petra dans la lumière rose de la fin de journée on se dit qu’on aurait bien aimé passer une semaine à marcher et bivouaquer dans cet endroit follement apaisant. Et puis le voyage se termine par une visite expresse des quelques monuments sans grand intérêt d’Amman (on a craqué). Mon attention est plutôt attirée par les quelques Jordaniens en pleine partie de foot du vendredi (le dimanche des Musulmans). Ils sont nuls mais ils s’y croient, se roulent par terre au moindre contact, s’invectivent en permanence. Un joueur particulièrement pénible, arborant sans gloire le maillot de Lionel Messi, quitte même le terrain pour aller bouder 10 minutes après une altercation absurde avec un partenaire. Quel que soit le pays, un mec qui joue au foot, c’est toujours aussi con. On appelle ça un sport universel. Messi fait la gueule - Amman (Jordanie) Après tout ça, on aurait envie de rester dans ce beau pays mais les fonctionnaires de l’aéroport se chargeront – avec une constance défiant l’entendement – de chasser tout éventuel regret de partir. Absolument odieux, aboyant des ordres inintelligibles et nous toisant systématiquement avec la morgue caractéristique du petit chef demeuré, nous quittons la Jordanie soulagés d’échapper aux pires douaniers du monde.   Photos Jordanie Itinéraire Jordanie


Jeremie Noel | Photographies et impressions de voyage
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