Khazneh
Petra la sublime
Bâtie par les mystérieux Nabatéens, Petra n'usurpe pas sa place parmi les 7 merveilles du monde.
De Petra, on ne savait quasiment rien il y a encore 15 ans. Les mystérieux Nabatéens, qui l’avaient bâtie pour rendre hommage à leurs dieux et leurs morts, restaient une civilisation très méconnue. Aujourd’hui, on en sait plus. Cela témoigne de l’avancée de nos connaissances – et c’est très bien – mais c’est également un signe un peu triste que le mystère, l’inconnu, est en train de quitter définitivement la Terre. Il semble n’y avoir presque plus rien à y découvrir ; Google Maps et le tourisme de masse ont transformé le monde en un grand village que parcourent sans surprise des millions de gens chaque année. Petra est l'une des 7 merveilles du monde Il en va ainsi de Petra. Mais la ville reste malgré tout de ces endroits à couper le souffle. Elue parmi les 7 nouvelles merveilles du monde (avec le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, le Corcovado, Chichen Itza, le Macchu Picchu et le Colisée), elle partage avec ses consœurs une capacité certaine à ne pas décevoir les espoirs placés dans sa découverte. La population que l’on y croise, même en basse saison, a pourtant de quoi décourager. Toutefois, ni les couples russes – face rougeaude, sac banane arrimé à la bedaine et canette de bière en pogne – ni les des groupes d’Italiens – brailleurs et impolis – ni même les touristes locaux qui se promènent avec des iPhones crachottant à plein volume une musique intolérable ne parviennent à briser la magie du lieu. Petra semble avoir été conçue pour impressionner le visiteur : l’attente un peu fébrile quand on arpente le Siq (le défilé qu’emprunte Indiana Jones justement) avant de découvrir le Trésor (le Khazneh, la façade la plus célèbre et la plus photographiée), l’éblouissement quand on traverse la vallée bordée de mausolées troglodytiques somptueux et enfin l’apothéose quand on arrive au Monastère (le Deir) au bout d’une longue ascension tout au fond du site. Petra, cité multicolore Petra est surnommée la ville rose mais elle est aussi multicolore et certaines de ses façades sont colorées par les minéraux qui peuplent les collines dans lesquelles elles ont été taillées : rouge fer, vert cuivre, noir manganèse, jaune souffre… Bien sûr, on invective les autres touristes, qui ont eu le mauvais goût et l’impudence de se mettre devant ce qu’on veut prendre en photo. Ce d’autant qu’il s’agit des infâmes hordes débarquées à Aqaba d’un paquebot Costa. Voir la trentaine de groupes de cinquante pedros se déverser dans le Siq, suivant chacun le panneau indiquant le numéro du car qu’ils reprendront pour retourner à bord de leur HLM flottant est un spectacle véritablement terrifiant. Rien n’est plus amusant, toutefois, que de pester contre ces abrutis qui lambinent interminablement devant l’entrée de tel ou tel mausolée à l’intérieur duquel il n’y a strictement rien à voir. La satisfaction de réussir des photos qui laissent penser que le lieu est désert en est décuplée. Quand on arpente le site en sens inverse au retour, le soleil déclinant teinte les montagnes et les façades d’un ocre-rouge flamboyant et la cité mortuaire prend vie. On s’assied sur une esplanade surélevée et on observe, serein, la vallée s’éteindre tout doucement. Photos Jordanie Itinéraire Jordanie