Remedios
Cuba : le paradoxe cubain
Récit d'un voyage dans l'intérieur des terres à Cuba : La Havane, Vinales, Cienfuegos, Trinidad, Remedios, etc. L'occasion de s'amuser du paradoxe cubain...
Il y a tant d’imaginaire, d’idéologie autour de Cuba que ça ne peut pas être un voyage anodin. Partis pour deux semaines, nous sommes rattrapés, sans le vouloir, par le paradoxe cubain : d’un côté île des Antilles populaire, infiniment touristique et donc au contact de la modernité, de l’autre pays du régime totalitaire castriste, opposant farouche de l’impérialisme américain et victime d’un blocus qui semble avoir stoppé l’évolution du pays dans les années 50. Partis de La Havane, nous visitons la région de Vinales, à l’Ouest de l’île, avant de repartir vers l’Est et découvrir Cienfuegos, Trinidad, Santa Clara, Remedios et enfin les Cayerias del Norte, plages sublimes pas encore trop polluées par le tourisme de masse façon Varadero mais qui en prennent dangereusement le chemin. La Havane - Cuba En route nous nous amusons des petits travers cubains : la bureaucratie galopante, les gens dans les villes dont la principale occupation semble être de s’asseoir sur le pas de sa porte et de regarder la rue toute la journée, les hôtels de “luxe“ avec des poules s’égayant sur les bords de leurs piscines verdâtres, les panneaux de propagande omniprésents qui récupèrent toutes choses au service de la sacro-sainte Révolution, les femmes à moustaches… Plus encore que les cigares et la musique, deux choses semblent sacrées à Cuba : le rhum et la sieste. On rigole bien, on se moque gentiment, mais lorsque l’on discute un peu sérieusement avec les gens qui nous accueillent chez eux le soir, l’on est frappé par la difficulté de la vie à Cuba. Comment ce peuple peut-il garder une telle joie de vivre alors qu’il vit depuis plus de 50 ans sous un régime en panne et totalitaire ? Les taxes sont écrasantes, les magasins sont vides… et pourtant les gens continuent d’excuser Fidel Castro, de voir en lui l’homme de la situation et de dénoncer la bureaucratie qui l’entoure et l’empêche de remettre le pays en ordre de marche. Des décennies de propagande et de glorification de la sacro-sainte révolution ont façonné un culte de la personnalité excluant tout esprit critique. Paradoxalement, c’est aussi ce qui fait le charme de Cuba, ce qui la rend fascinante et ce qui lui a donné cette existence diplomatique et artistique unique. C’est cette foi inébranlable dans sa révolution, sa culture, ses héros… Statue de Che Guevara à Santa Clara - Cuba Quand on se retrouve, pour une nuit et pour rire, à bâfrer des mets immondes dans un hôtel tout inclus de 925 chambres (celui de gauche en fait 870 et celui de droite 2350) et que l’on voit que le régime cubain, pourtant si prompt à dénoncer le modèle américain (quitte à maintenir son peuple dans la misère), en reproduit les codes les plus représentatifs, on hésite entre hurler de rire ou d’indignation. “L’histoire m’absoudra“ avait déclaré Fidel au lendemain de la Révolution. Ses déclarations de ces derniers jours (“le modèle cubain ne fonctionne même plus à Cuba“) ressemblent fort au mea culpa de celui qui n’est plus si sûr de son héritage à l’approche de la mort. Cuba ne laisse pas indifférent… Photos Cuba Itinéraire Cuba