Jeremie NOËL

Photos et récits de voyages

Wahiba

Oman : entre tradition et modernité

Entre tradition et modernité, Oman est surtout un pays magnifique qui offre des paysages très variés : désert, sources cristallines, mer, montagne, etc.

Oman est, avec Brunei, l’un des deux seuls Sultanat du monde. C’est aussi le moins connu puisqu’il n’a pas, lui, la chance d’avoir la capitale au nom le plus long du monde. Non, la capitale s’appelle Muscat (ou Mascate) et sera la première étape de notre voyage. Nous y atterrissons après une brève escale au Qatar qui nous donne l’occasion de tester l’aéroport de Doha, gigantesque complexe un peu absurde où un code couleur sur sa carte d’embarquement permet de s’orienter vers le terminal adéquat. Quasiment aucun passager ne reste là (et pour cause, le Qatar n’a à peu près aucun intérêt en soi), la plupart attendant des connexions pour l’Asie. Nous sommes les seuls européens à poursuivre jusqu’à Oman. Muscat est assez représentatif de la dualité culturelle du pays tout entier. Oman est un pays en plein boom économique (notamment grâce au pétrole trouvé récemment sur le territoire), tendu vers la modernité mais qui garde un attachement très fort à ses traditions architecturales, religieuses et sociales (mais pas gastronomiques, c’est le moins que l’on puisse dire). Il y a donc d’un côté la ville nouvelle où l’on retrouve les ministères et la plupart des sièges d’entreprises et de l’autre le vieux Muscat avec un Palais d’apparat, de vieux forts portugais, le souk et quelques vieilles maisons traditionnelles. On s’y promène au bord de l’eau en transpirant à grosses gouttes car l’air très chaud est rendu carrément suffocant par la proximité de la mer. Alors nous partons vite découvrir le reste du pays. Et en une semaine de voyage, nous allons nous offrir un panorama complet des trésors que le Sultanat d’Oman a à offrir. De plages désertes en canyons où glissent des rivières d’une couleur insensée (les wadis), des dunes du désert de Wahiba aux montagnes du Jebel Akhdar, des forts de Nizwa à ceux de Muscat. Désert de Wahiba Sands - Oman En peu de temps et en parcourant des distances courtes (2-3h heures de route entre chaque étape), on traverse des paysages incroyablement variés et tous plus spectaculaires les uns que les autres. On imagine Oman comme un lieu désertique mais on y voit souvent des oasis de dattiers ou des sources couleur d’émeraude. C’est aussi un lieu de villégiature incontournable pour les tortues de mer qui sont des milliers à venir pondre sur ses plages à longueur d’année. On a beau aimer voyager en routards, on se laisse cette fois aller au plaisir simple du voyage bourgeois. Nous étant adjoints les services d’un guide, le voyage a donc été rythmé par les petits agacements et les franches rigolades provoqués par ce dernier. Pas plus capable de nous donner la moindre information culturelle sur Oman que de penser à prendre du feu pour allumer un barbecue dans le désert, Daoud (c’est son nom) était également spécialiste de l’ensablement et répondait invariablement « Why not » à toute les questions qu’on pouvait lui poser. Les trésors naturels et culturels d’Oman (et les pitreries du guide) ne font malheureusement pas toujours oublier qu’il s’agit de l’un des pays les plus musulmans du monde où la religion tient lieu de code moral, social et juridique. De tous les pays du Golfe, Oman est probablement le plus libéral mais la condition des femmes y est malgré tout assez précaire. Bien que disposant de certains droits (conduire, travailler, se présenter aux élections), elles restent très souvent cantonnées aux tâches domestiques, sont voilées (parfois sans même une fente pour les yeux), ne peuvent adresser la parole aux hommes en public et sont considérées comme des parias si jamais elles venaient à divorcer (alors que les hommes peuvent, eux, divorcer à loisir, surtout si leur femme a l’impudence de ne pas leur donner d’enfant). Au-delà de la condition de la femme, il sourd de tout cela une atmosphère un peu malsaine, presque mortifère ; celle d’une civilisation sans humour, sans autodérision, que ses interdits anachroniques font sombrer dans un mélange de frustration et d’hypocrisie. C’est d’autant plus marquant dans une société qui a par ailleurs tous les atours de la modernité. Enfin, le despotisme éclairé en vigueur à Oman en viendrait presque à faire douter de la démocratie. Le Sultan actuel, Qaboos, règne depuis plus de trente ans et semble absolument adoré par ses sujets. D’un pays ravagé par la guerre civile, sans existence diplomatique, sans routes, ni hôpitaux, ni universités, Oman est devenu, sous le règne du Sultan, un pays moderne, riche et reconnu par l’ONU. Au moment du Printemps Arabe, plutôt que de s’arcbouter sur ses pouvoirs, il a immédiatement offert au peuple ce qu’il demandait, à savoir un minimum de représentation démocratique dans le gouvernement. Allez en faire autant s’il fallait s’encombrer d’élections tous les 5 ans… Piscine du Al-Bustan Palace - Muscat (Oman) Le Sultan Qaboos est aussi l’un des hommes les plus riches et les plus secrets du monde. Il a d’étranges lubies, comme celle de s’être fait construire un yacht dont l’intérieur serait entièrement plaqué or. Personne ne sait s’il a des enfants mais les Omanais semblent penser qu’il a préféré s’en abstenir pour être le dernier Sultan de sa dynastie… ce qui laisse présager une succession compliquée. Oman est donc un pays surprenant, magnifique et parfois agaçant mais qui amène à remettre en question ses certitudes. Un pays qu’il faut visiter tant qu’il est encore relativement épargné par le tourisme de masse. Photos Oman Itinéraire Oman


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