Jeremie NOËL

Photos et récits de voyages

Petra

Jordanie : Mer Morte, Petra et Wadi Rum

De la Mer Morte à Petra en passant par le désert du Wadi Rum, la Vallée du Jourdain et Amman, quelques impressions d'un voyage d'une semaine en Jordanie.

La veille du départ en Jordanie, bien sûr, on se refait Indiana Jones et la Dernière Croisade. Officiellement, c’est pour se mettre dans l’ambiance et jeter un œil à Petra avant de la voir en vrai. En réalité, c’est pour revoir pour la 17ème fois ce film génial… parce que Petra, on la voit à peu près 45 secondes sur un film de plus de 2h en fait. C’est pas grave, on est dans le bain. On commence par Jerash On arrive à Amman où on ne reste pas parce que, d’une part, on soupçonne largement qu’il n’y a strictement rien à y voir et, d’autre part, on n’aime pas le tourisme urbain. On file au Nord pour Jerash, un joli amoncellement de ruinas qui évoque vaguement la Baalbek libanaise en un peu mieux conservé. Temple de Zeus (que notre guide qualifie de Dieu du Soleil avec un aplomb qui m’aurait peut-être fait douter si mon frère n’avait pas explosé de rire à côté de moi), place ovale, amphithéâtres, vestiges d’églises byzantines. Tout ça est à la fois fort beau et un petit peu bordélique. Croiser deux autochtones en habit traditionnel jordanien jouant de la cornemuse pour les touristes ne contribue pas vraiment à rendre l’ensemble plus homogène. Un vestige de la colonisation britannique, apprend-on… il n’en faut pas plus pour nous convaincre du véritable fléau que fut cette histoire de colonisation. La Mer Morte Après cette étape culturo-folklorique, nous reprenons la route au Sud. Nous repassons par Amman – et entreprenons de la snobber une deuxième fois en moins de 24h – et filons jusqu’à la Mer Morte. Petite incise culturelle, la Mer Morte est ainsi nommée car son niveau de salinité (près de 350 grammes de sel par litre d’eau – par comparaison, la Méditerranée concentre entre 36 et 38 grammes de sel par litre) interdit la prolifération de la moindre forme de vie, qu’elle soit animale ou végétale. Sur une mosaïque pluri-centenaire représentant la région dans une église à Madaba, on a même représenté de malheureux poissons faisant demi-tour dans le Jourdain pour éviter de se retrouver piégés dans la Mer Morte. Ponton - Mer Morte (Jordanie) Au bord de la Mer Morte, nous logeons au Movenpick Dead Sea (astucieusement nommé). Si l’hôtel, immense, doit être invivable en pleine saison touristique, au mois de décembre, il s’en dégage une impression de village fantôme tout à fait délectable. On navigue de piscine en piscine et de restaurant en restaurant en échangeant des regards de satisfaction entendus avec les autres rares touristes qui ont eu la même brillante idée de venir profiter de tout cela hors saison. Le climat est idéal, juste chaud et ensoleillé comme il faut dans la journée et frais le soir. Ce d’autant que pour une raison que je n’ai pas le courage de chercher (émanations de la Mer Morte ou supplément d’atmosphère lié au fait d’être dans une cuvette à 400 mètres sous le niveau de la mer), on n’attrape pas de coup de soleil dans la région de la Mer Morte. On passe donc la journée entre les sources chaudes et souffrées de Ma’in, des bains de soleil sans risques (et surtout sans la pénible corvée du crémage) et des baignades dans la Mer Morte. Ca, c’est le sommet. Parce que, comme Obélix dans L’Odyssée d’Astérix, on flotte. Mais on flotte vraiment, hein, au point qu’il est difficile de nager parce que, une fois sur le ventre, les pieds remontent automatiquement à la surface. On ressort, on se tartine de boue aux vertus médicinales (et ludiques) avérées, on sèche et on retourne flotter dans la Mer Morte. Le paysage de la Mer Morte, grande étendue d’eau située au milieu d’un grand désert rocailleux, est relativement unique. On y ressent un sentiment d’irréel renforcé le matin par l’absence de distinction entre l’eau et le ciel et le soir par des lumières d’une douceur surprenante. Une danse du ventre bas de gamme chacun des deux soirs où on est restés. On est bien, en vacances. En route pour Petra S’ensuit une longue journée de route pour Petra, meublée par quelques attractions mineures mais pas déplaisantes : le Mont Nebo et sa vue sur la Vallée du Jourdain, Madaba et sa mosaïque, Kerak et son fort de croisés. Et puis, enfin, on y est. A Petra. Je sifflote Indiana Jones. Elle mérite une ode à elle seule : Petra la sublime. Nous y passons deux jours pleins. J’aurais pu y rester 4 ou 5 jours. Y retourner, m’asseoir sur une esplanade dans les hauteurs et rester calmement là à lire ou juste regarder. On ne s’en lasse pas. Ce dont on se lasse, en revanche, ce sont les tags infâmes et les boîtes de conserve laissés à l’intérieur des mausolées. Qui fait ça ? Quel genre d’abruti se fout si éperdument de la beauté de l’endroit pour y peindre, à la bombe bleue, « Jean-Louis était là » (je dis Jean-Louis mais c'est une licence poétique) ? Excursion dans le désert du Wadi Rum Entre les deux jours passés à Petra, nous partons explorer rapidement le désert du Wadi Rum, une véritable merveille naturelle. Désert principalement rocheux, on l’arpente assis à l’arrière d’un pick-up, à l’air libre. Quelques petites dunes de sable mais surtout de magnifiques et monumentales formations rocheuses qui évoquent d’interminables empilements de petites maisons troglodytes arrondies. L’érosion a parfois fait s’écrouler un grand pan de falaise. A ces endroits, on dirait qu’un sabre géant a sectionné, nette, la montagne. On passe même devant un mur, celui de la maison de Lawrence d’Arabie, parait-il. Là, on est obligé de les croire sur parole. En repartant vers Petra dans la lumière rose de la fin de journée on se dit qu’on aurait bien aimé passer une semaine à marcher et bivouaquer dans cet endroit follement apaisant. Et puis le voyage se termine par une visite expresse des quelques monuments sans grand intérêt d’Amman (on a craqué). Mon attention est plutôt attirée par les quelques Jordaniens en pleine partie de foot du vendredi (le dimanche des Musulmans). Ils sont nuls mais ils s’y croient, se roulent par terre au moindre contact, s’invectivent en permanence. Un joueur particulièrement pénible, arborant sans gloire le maillot de Lionel Messi, quitte même le terrain pour aller bouder 10 minutes après une altercation absurde avec un partenaire. Quel que soit le pays, un mec qui joue au foot, c’est toujours aussi con. On appelle ça un sport universel. Messi fait la gueule - Amman (Jordanie) Après tout ça, on aurait envie de rester dans ce beau pays mais les fonctionnaires de l’aéroport se chargeront – avec une constance défiant l’entendement – de chasser tout éventuel regret de partir. Absolument odieux, aboyant des ordres inintelligibles et nous toisant systématiquement avec la morgue caractéristique du petit chef demeuré, nous quittons la Jordanie soulagés d’échapper aux pires douaniers du monde.   Photos Jordanie Itinéraire Jordanie


Petra la sublime

Bâtie par les mystérieux Nabatéens, Petra n'usurpe pas sa place parmi les 7 merveilles du monde.

De Petra, on ne savait quasiment rien il y a encore 15 ans. Les mystérieux Nabatéens, qui l’avaient bâtie pour rendre hommage à leurs dieux et leurs morts, restaient une civilisation très méconnue. Aujourd’hui, on en sait plus. Cela témoigne de l’avancée de nos connaissances – et c’est très bien – mais c’est également un signe un peu triste que le mystère, l’inconnu, est en train de quitter définitivement la Terre. Il semble n’y avoir presque plus rien à y découvrir ; Google Maps et le tourisme de masse ont transformé le monde en un grand village que parcourent sans surprise des millions de gens chaque année. Petra est l'une des 7 merveilles du monde Il en va ainsi de Petra. Mais la ville reste malgré tout de ces endroits à couper le souffle. Elue parmi les 7 nouvelles merveilles du monde (avec le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, le Corcovado, Chichen Itza, le Macchu Picchu et le Colisée), elle partage avec ses consœurs une capacité certaine à ne pas décevoir les espoirs placés dans sa découverte. La population que l’on y croise, même en basse saison, a pourtant de quoi décourager. Toutefois, ni les couples russes – face rougeaude, sac banane arrimé à la bedaine et canette de bière en pogne – ni les des groupes d’Italiens – brailleurs et impolis – ni même les touristes locaux qui se promènent avec des iPhones crachottant à plein volume une musique intolérable ne parviennent à briser la magie du lieu. Petra semble avoir été conçue pour impressionner le visiteur : l’attente un peu fébrile quand on arpente le Siq (le défilé qu’emprunte Indiana Jones justement) avant de découvrir le Trésor (le Khazneh, la façade la plus célèbre et la plus photographiée), l’éblouissement quand on traverse la vallée bordée de mausolées troglodytiques somptueux et enfin l’apothéose quand on arrive au Monastère (le Deir) au bout d’une longue ascension tout au fond du site. Petra, cité multicolore Petra est surnommée la ville rose mais elle est aussi multicolore et certaines de ses façades sont colorées par les minéraux qui peuplent les collines dans lesquelles elles ont été taillées : rouge fer, vert cuivre, noir manganèse, jaune souffre… Bien sûr, on invective les autres touristes, qui ont eu le mauvais goût et l’impudence de se mettre devant ce qu’on veut prendre en photo. Ce d’autant qu’il s’agit des infâmes hordes débarquées à Aqaba d’un paquebot Costa. Voir la trentaine de groupes de cinquante pedros se déverser dans le Siq, suivant chacun le panneau indiquant le numéro du car qu’ils reprendront pour retourner à bord de leur HLM flottant est un spectacle véritablement terrifiant. Rien n’est plus amusant, toutefois, que de pester contre ces abrutis qui lambinent interminablement devant l’entrée de tel ou tel mausolée à l’intérieur duquel il n’y a strictement rien à voir. La satisfaction de réussir des photos qui laissent penser que le lieu est désert en est décuplée. Quand on arpente le site en sens inverse au retour, le soleil déclinant teinte les montagnes et les façades d’un ocre-rouge flamboyant et la cité mortuaire prend vie. On s’assied sur une esplanade surélevée et on observe, serein, la vallée s’éteindre tout doucement.   Photos Jordanie Itinéraire Jordanie


Itinéraire : 8 jours en Jordanie

Jordanie : un itinéraire de 8 jours de la Mer Morte à Petra en passant par Jerash, le Wadi Rum, la Vallée du Jourdain et Amman...

Jour 1 : Arrivée à Amman le soir. Nuit à Amman Jour 2 : Départ le matin pour Jerash et visite des ruines. Puis route au Sud jusqu’à la Mer Morte. Nuit à la Mer Morte. Jour 3 : Le matin, baignade dans les sources chaudes de Ma’in puis après-midi au bord de la Mer Morte. Nuit à la Mer Morte. Jour 4 : Départ pour Petra. En route, visite du Mont Nebo, de la mosaïque de l’Eglise Saint Georges à Madaba et de la forteresse croisée de Kerak. Arrivée à Petra en fin de journée. Nuit à Petra. Jour 5 : Visite de Petra toute la journée : le Trésor (Khazneh), le Monastère (Deir) et les Tombeaux Royaux. Nuit à Petra. Jour 6 : Départ pour le désert du Wadi Rum. Journée en 4x4 dans le Wadi Rum puis retour à Petra. Nuit à Petra. Jour 7 : Le matin, visite de Little Petra. L’après-midi, retour sur le site de Petra avec la visite, entre autres, du Haut Lieu Sacrificiel. Nuit à Petra. Jour 8 : Départ le matin pour Amman. Arrivée vers midi et déjeuner à Amman. Visite de la citadelle et de l’amphithéâtre d’Amman puis départ pour l’aéroport. Photos Jordanie Récit Jordanie Agrandir le plan


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