Jeremie NOËL

Photos et récits de voyages

USA : Road-trip dans l’Ouest américain

De Chicago à Los Angeles en passant pas les Parcs Nationaux de l'Ouest (Grand Canyon, Bryce Canyon, Monument Valley, Arches, Canyonlands, etc.), une plongée toujours amusante dans l'American Way of Life.

March 16, 2013
Dead Horse Point - Utah

Partis rendre visite à des amis fraîchement installés à Chicago, nous en avons profité pour aller à la rencontre du grand Ouest, en mode un peu express mais suffisant pour en prendre plein la vue et se régaler de l’inénarrable American Way of Life.

On visite rapidement Chicago, ville qui présente le double avantage de disposer d’un patrimoine architectural magnifique et de permettre de l’explorer en bateau, au fil de la Chicago River. On évite ainsi les interminables promenades pour profiter de tout cela confortablement installé sur le pont supérieur d’un joli ferry au son de commentaires essentiels : “Dans cet immeuble, tous les appartements sont équipés de baignoires, il y a un parking à trois niveaux et un fitness…” Palpitant, certes mais surtout représentatif de l’importance du confort matériel pour les américains. Une idée du confort que l’on peut encore mieux appréhender en visitant les quelques maisons entre lesquelles nos amis hésitent pour s’installer. On constate ainsi que la notion de charme semble complètement absente ou, en tout cas, terriblement secondaire aux notions d’espace et de praticité. Une maison démesurée, un garage, un bout de jardin et un mall le plus grand possible à portée de voiture : une définition du luxe à l’américaine.

Chicago - Illinois

Skyline de Chicago et le Lac Michigan vus depuis le sommet de la Hancock Tower

Aux Etats-Unis, on ne peut rien faire sans voiture et on n’aurait de toute façon pas idée de s’en priver. Quand je découvre, hilare, que les américains sont tellement fainéants qu’ils ont installé des drive-in même pour les distributeurs de billets, je ne peux m’empêcher de penser aux gros humains de “Wall-E”, sanglés dans leurs chaises volantes d’où ils ont accès à tout. Après deux semaines de pratique, j’ai même imaginé un adage : « si vous avez l’impression que vous allez devoir marcher plus de 20 mètres pour atteindre votre destination, poursuivez votre route, il y a forcément un parking plus près ». De fait, la possession d’une voiture aux USA détermine l’existence sociale : elle permet d’effectuer les longs “commute” pour aller travailler, d’aller dîner chez des amis ou de faire les courses. Sans en bouger, on peut voir un film, commander son McDo, tirer de l’argent et c’est même souvent là que l’on a vécu ses premières expériences sexuelles.

La voiture, c’est justement ce qui nous attend après avoir quitté nos amis à regret et avoir rallié Phoenix en avion. Au programme, 3500 kilomètres de route en onze jours. On n’est pas des rigolos.

L’excellent chroniqueur Bill Bryson disait : “Sur une route aussi droite et aussi large qu’une autoroute américaine, 90 km/h est une limitation de vitesse ridicule. On a l’impression de marcher.” Du coup, on est vite tenté d’accélérer, auréolé de cet absurde sentiment d’impunité que la condition de touriste de base vous fait toujours ressentir au volant d’une voiture de location dans une contrée étrangère. Comme si faire croire que vous parlez mal anglais allait excuser le fait que vous ne sachiez pas lire des panneaux routiers déchiffrables par quiconque ayant le niveau intellectuel d’un enfant de 6 ans. Alors, on se fait inévitablement arrêter par un bon shériff à la trogne burinée dans un 4×4 dont les gyrophares consomment en 20 minutes la quantité d’électricité dont dispose le Bangladesh pour une année. Il s’approche de la voiture et vous lance l’absolument universel “Do you know why I’m arresting you?”. A Paris, on répond toujours un “Oui, je suis désolé” résigné ; mais ici, on a encore l’espoir de s’en sortir avec un simple “Warning” et une bonne histoire pour les copains, alors on tente un “I really don’t, Officer” (et merde, j’avais dit que j’essayais de faire croire que je parle mal anglais). Après une demi-heure d’attente, on repart avec une bonne histoire, certes, mais aussi $105 d’amende…

Les routes sont certes longues, les distances immenses mais rarement monotones parce qu’on traverse les paysages incroyables, à la fois magnifiques et démesurés, de l’Arizona et de l’Utah. En quelques jours, nous visitons tous les plus grands parcs de cette partie de l’Ouest. Le jour de notre arrivée, une tempête de neige s’est abattue sur la région. Toutes les routes pour accéder au Grand Canyon sont bloquées par la neige et les carambolages. Impossible d’y accéder. Juste au moment où nous allions nous résigner à dormir dans le bled inutile de Sedona, l’autoroute rouvre miraculeusement et nous roulons jusqu’au Grand Canyon dans une tempête de neige apocalyptique. C’est un peu pénible sur le moment mais la neige qui persiste dans la plupart des parcs apporte un contraste de couleurs magnifique.

USA-JN-1

Neige sur le Grand Canyon, en Arizona

Nous enchaînerons ensuite avec Antelope, Monument Valley, Arches et Canyonlands, Capitol Reef, Bryce Canyon et Zion. Passant de l’un à l’autre, on s’imagine tantôt dans un film d’Indiana Jones ou dans un western de John Ford, tantôt revenus à des temps préhistoriques. Les paysages de l’Ouest sont si connus qu’ils évoquent toujours quelque chose. Mis en scène dans tant de livres et de films, ils font partie de la culture occidentale ; et ce parce que leur immensité et leur beauté mêmes sont une source d’inspiration inégalable pour les artistes. Quand on s’y promène, on a le sentiment que la Terre nous révèle ses entrailles, qu’elle nous laisse entrevoir ce que le temps a construit. Face au défi à la pesanteur que représentent les arches de pierre d’Arches National Park ou à la finesse sublime des aiguilles de pierre (les “needles”) de Bryce Canyon, on se trouve, littéralement, sans voix.

Du coup, le retour à la civilisation est un peu brusque. Surtout quand cette civilisation est Las Vegas, le paradis du carton-pâte faussement luxueux pour beauf qui se fantasme flambeur. Les premiers instants d’adaptation sont un peu difficiles mais ça revient vite et une fois installés dans l’un des innombrables palaces (où l’on peut en fait se loger pour pas très cher), on part à l’assaut du mythique Strip, ses halls d’hôtels labyrinthiques, ses reproductions de monuments au mauvais goût assumé et surtout sa faune invraisemblable. Short, chemisette hawaïenne ignoble, et un goût certain pour l’embonpoint semblent de rigueur. A les voir, on se dit qu’ils ont dû économiser toute l’année pour venir se donner l’illusion d’être riches en buvant des mètres de margaritas qu’ils s’attachent autour du cou dans la rue et en claquant leur salaire annuel dans des machines à sous sans même que ça ait l’air de les rendre heureux (ou même satisfaits). A Vegas, tout est conçu pour vous faire cracher du pognon. On éclate d’un rire un peu consterné quand le portier de l’hôtel nous fait visiter la chambre et nous explique qu’il y a des détecteurs de mouvement dans le mini-bar. Si on prend une canette sans la reposer exactement dans son emplacement dans les 60 secondes qui suivent, le prix de la boisson est automatiquement facturé sur votre chambre… On croit rêver. Cette ville, dans son ensemble, est ridicule mais reconnaissons que le temps d’une journée, on s’y amuse bien !

Las Vegas - Nevada

Hot babes à Las Vegas, Nevada

Finalement, on roule jusqu’à Los Angeles pour passer une nuit et une matinée à Santa Monica. Sur la plage, le matin, nous croisons un père occupé à entrainer ses deux enfants à quelque agrès amusant. Nous discutons brièvement puis, au moment de nous quitter, il nous lance : “I’ll never see you again but God bless you, God bless you !”

Ils sont vraiment impayables ces Américains.

On reviendra.

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