Jeremie NOËL

Photos et récits de voyages

Argentine : le Nord Ouest

Entre quebradas multicolores, déserts de sel et gastronomie, le Nord Ouest de l'Argentine se prête fort bien au road trip...

March 14, 2013
Quebrada Humahuaca - Argentine
Vous avez dit road trip ? Qui dit road trip pense immédiatement aux grands espaces de l’Ouest américain, la route 66, les parcs naturels aux couleurs ocre sublimes, le soleil qui tape… Eh bien figurez-vous que l’on peut faire tout cela en Argentine. Au Nord Ouest du pays, aux environs de la ville de Salta, dans les contreforts des Andes et non loin des frontières chilienne et bolivienne, les paysages font irrésistiblement penser aux formations rocheuses légendaires de l’Arizona.

Nord Ouest de l’Argentine : quebradas, gauchos et routes poussiéreuses

C’est là que nous arrivons au lendemain de notre atterrissage en Argentine pour la première partie d’un voyage de trois semaines dans le pays du tango, du steak et des paysages ébouriffants. Les routes interminables et poussiéreuses s’étendent à l’infini et l’on n’y croise jamais personne d’autre qu’un gaucho (le cowboy local) tranquille. A chaque virage, on découvre l’un des innombrables canyons (les quebradas) qui donnent au paysage ce mélange unique de monotonie et d’originalité qui vous plonge dans un état d’hypnose émerveillée. Les Argentins ont même eu le bon goût de se doter d’une route mythique, la Ruta 40, qui traverse le pays du Sud (Patagonie) au Nord. La comparaison s’arrête là.

Purmamarca - Argentine

Le route qui fait le tour du Cierro de 7 colores à Purmamarca – Argentine

Très vite, on retrouve l’ambiance andine, la chaleur sèche du soleil tempérée par la fraîcheur du vent et de l’altitude. Dans les minuscules villages où nous faisons étape (Tilcara, Purmamarca, Cachi), les gens paressent sur la place principale en faisant semblant de vendre des articles d’artisanat qui n’intéressent personne, pas même eux. Ils vous toisent de leur indifférence bienveillante et vous invitent à profiter d’un bon repas à l’ombre d’un arbre : « Que lo aproveche ! ». Là, en attendant que passe l’heure chaude, on sent le temps s’écouler tout doucement, sans bruit, presque à l’arrêt et quand on respire profondément, on sent son être entier s’emplir d’une douce plénitude.

Et puis on roule, on roule… On arpente des pistes perdues au milieu de rien pendant des heures, pas très vite pour ne pas risquer de crever un pneu et quand on en a marre, on se console en se disant que c’est cela, courir le monde.

Des bourgades fantômes évoquant la révolution, la dictature et la poésie

On fait attention aux petits détails quand on traverse des bourgades quasiment fantômes et on s’aperçoit que les rues ont partout les mêmes noms ; des noms qui fleurent bon la révolution, la dictature ou la poésie, toutes trois incontournables en Amérique du Sud… Un petit conseil aux voyageurs qui voudraient épater une conquête potentielle : quand vous entrez dans un village de la région, que vous êtes sur la route principale, dites « Tiens, je parie qu’on est sur la calle Belgrano ! ». Vous avez neuf chances sur dix d’avoir raison et de provoquer un rire admiratif.

En se rapprochant de la frontière bolivienne, on quitte l’univers des canyons pour retrouver celui de l’altiplano, cette grande plaine à 3000 mètres d’altitude, ensoleillée et aride. Au milieu de la rare végétation, comme un mirage entouré par les lointains pics andins, on tombe sur un désert de sel (Salinas Grandes), lunaire et féérique, d’un blanc aveuglant qui fausse les perspectives et trouble la vision.

Salinas Grandes - Argentine

Le désert andin aux abords des Salinas Grandes – Argentine

De temps à autres, on croise d’improbables autostoppeurs. Une femme quechua revient d’une réunion d’artisans à 4 jours de marche de chez elle. La rapprocher de 30 km lui fait économiser presque une journée. Quand nous discutons avec elle, nous nous rendons compte que nos mondes sont trop différents pour se comprendre complètement. Au moment de se quitter, elle essaie de nous vendre une veste de sa confection mais encore une fois sans grande conviction, pour le principe. Pas un instant elle ne semble penser que nous pourrions accepter. Plus tard un guide local nous demandera de l’emmener dans la ville la plus proche. L’une des roues de sa voiture ayant décidé de vivre sa propre vie, il a vite constaté qu’il était difficile de rouler sur trois roues. On ressent une fierté un peu puérile à dépanner ce représentant du pays que l’on visite, cet archétype de baroudeur en détresse…

Gastronomie et paysages…

Le soir, on se laisse aller à des excès de bife de lomo (filet de boeuf) et de vino Malbec (rouge) ou Torrontes (blanc), toujours à contretemps. Quand nous dînons, les Argentins en sont à peine à l’apéro. Peu importe, comme ça, on est tranquilles. Et puis on va s’allonger sur une improbable piste d’atterrissage perchée sur les hauteurs d’un minuscule village pour y contempler l’immensité des étoiles. Trois cent touristes ont juré y avoir vu une soucoupe volante il y a quelques années… pourquoi pas. Au moment de se coucher, heureux et repus, on n’a pas d’autre souci que de fantasmer sur les noms exotiques et prometteurs qui égayeront notre route le lendemain : Garganta del Diablo, Anfiteatro, Quebrada de Humahuaca, Las Flechas, Cerro de Siete Colores, Paleta del Pintor…

Après 5 jours et 1200 kilomètres nous rentrons à Salta, la fin de la première étape du voyage.

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